1
Ange Gardien, je vous salue,
Je vous crois présent en ce lieu
Ne souffrez pa qu’à votre vue
J’ose jamais offenser Dieu.
                  2
Je vous honore et vous révère
Comme un prince du Paradis :
Je vous aime comme mon Père
Et le plus grand de mes amis.,
                  3
Ah ! si je pouvais bien connaître
Les tendresses de votre amour !
Non, jamais je ne pourrais être
Un petit moment sans retour.
                  4
J’ai reçu par vous tant de grâces,
Tant de bienfaits et  de faveurs,
que mon cœur, fût-il tout de glace,
S’embraserait de vos ardeurs.
                  5
Vous désirez plus que moi-même
Que je parvienne au vrai bonheur,
Comme si mon malheur extrême,
Faisait votre propre malheur.
                  6
Quand j’étais enfant de colère,
A mille dangers exposés,
C’est par vos soins cher tutélaire
Que l’Église m’a baptisé !
                   7
Jour et nuit vous veillez sans cesse
A garder mon âme et mon corps,
Quand la tentation me presse,
Vous redoublez tous vos efforts !
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D’un air bénin, d’un doux visage
Vous me dites dans mes combats,
Courage, mon enfant, courage,
Je ne t’abandonnerai pas !
                     9
Votre Ombre est un lieu de refuge
Où je suis toujours protégé,
Et mon arche dans le déluge
Où jamais ne suis submergé.
                    10
Vous êtes l’étoile polaire
Qui me dirige vers ma fin :
Et comme un guide salutaire,
Vous m’y conduisez par la main.
                     11
Je n’ai qu’à dire une parole :
Vous voilà prêt à me servir.
Et, de l’un et jusqu’à l’autre pôle,
Prêt à voler, prêt à partir.
                      12
Je vais par Jésus à son Père,
Je vais par Marie à Jésus,
Mais après Jésus et sa Mère,
C’est vous que je chéris le plus.

                      13
Vous m’éclairez par vos lumières
Dans le chemin de mon salut,
Vous m’assistez par vos prières
Pour me porter droit à ce but.
                      14
Douceurs, attraits, frayeurs, alarmes,
Troubles, remords, touches de cœur,
C’est avec ces puissantes armes,
Que vous triomphez du pécheur.
                       15
Conseil, avis, secret langage,
A chaque pas, à chaque instant :
Pouvez-vous faire d’avantage,
Devez-vous même en faire tant ?
                       16
Si j’ai de l’horreur pour le vice
Et de l’amour pour la vertu,
C’est vous qu’il faut que j’en bénisse,
Sans vous, je me serais perdu.
                        17
Quand mon âme se sent dévôte,
Vous m’inspirez ce sentiment,
Et quand je tombe par ma faute,
Vous me relevez à l’instant.
                         18
Quand mon âme se sent troublée,
Par mes péchés de tous les jours,
Elle est aussitôt consolée
Disant : Mon Ange, à mon secours.
                         19
Dans le malheur le plus étrange
Où je suis prêt de me plonger,
C’est sur vos ailes, mon bon Ange
Que je m’envole du danger.
                         20
De combien d’accidents funestes
Ne m’avez-vous pas préservé ?
Mais entre autres faveurs célestes,
Sans vous, je serais réprouvé.
                         21
Vous m’aimez beaucoup d’avantage
Et m’aimez bien plus fortement
Que tous les démons, pleins de rage
N’ont contre moi d’emportement.
                         22
Avec un zèle tout de flamme
Étant toujours à mes côtés,
Vous faites bien voir que mon âme
Est d’une grande dignité.
                         23
Soit que je dorme ou que je veille
En tous les temps, en tous les lieux,
Jamais votre cœur ne sommeille,
Jamais, je n’échappe à vos yeux.
                         24
Si je suis en état de grâce;
Vous êtes joyeux et content.
Mon péché, jamais, ne vous chasse,
Mais il vous fait pleurer souvent.

                     25
Si je suis en état de grâce;
Vous êtes joyeux et content.
Mon péché, jamais, ne vous chasse,
Mais il vous fait pleurer souvent.
                      26
Si je descends au Purgatoire,
Vous y viendrez me consoler,
Et je monte dans la gloire,
Vous viendrez m’y transporter.
                       27
Que de soins, que de bons offices !
Mais par quel amoureux transport
Me rendez-vous tous ces services ?
Je ne le serais qu’à la mort.
                        28
Que vous rendrais-je, ô mon bon Ange
Pour tant de soins et de bienfaits ?
Que Dieu supplée à ma louange,
Et vous glorifie à jamais.
                         29
Pardon de ma méconnaissance,
De mon oubli, de mes refus,
Je vous promets obéissance,
Je ne vous résisterez plus.
                         30
Je voudrais toujours, tête nue,
Vous suivre, et même à deux genoux,
Et que quiconque me salue,
Ne me saluât qu’après vous.
                         31
Faites que, par votre présence,
Je sois toujours plein de respect,
Plein d’amour et de confiance,
Partout modeste et circonspect.
                         32
Je vous loue et vous remercie
De vos soins et de vos secours :
Continuez-les moi, je vous en prie,
Pendant le reste de mes jours.
                         33
Offrez au Seigneur mes prières,
Conduisez-moi dans tous mes pas,
Supportez-moi dans mes misères,
Soutenez-moi dans mes combats.
                         34
Tenez-moi toujours compagnie,
Surmontez tous mes ennemis,
Afin qu’un jour, en l’autre vie,
Nous soyons pour jamais unis !