PETITE BIOGRAPHIE

Saint Louis-Marie fut un homme fort, trempé dans une vie rude, les hommes ne l’ayant pas épargnés, vivant dans une liberté intérieure arrogante pour certains qui ne manquaient pas de le lui dire ou lui faire comprendre par toutes sortes d’humiliations et de coups qui nous auraient fait frémir de rage et de colère pour prendre sa défense. Mais lui, toujours serein, essuyait ces affronts comme méritoires et justes avec un sourire scandaleux et une abnégation totale et sincère, pour expier ses nombreux péchés. Déconcertant, n’est-ce pas? Oui, certainement car comme le Christ, il était passé de « l’autre côté » de histoire de sa vie: celle d’une vie pascale, non par masochisme ou amour morbide de la souffrance mais par imitation de Jésus-Christ, acceptant toutes difficultés. Dès sa plus tendre jeunesse, il avait acquit une grande sainteté, nous exhortant à emboîter le pas du Christ et de remplir notre vie de la surabondance de grâce à laquelle Jésus invite chacun de nous afin d’en faire une véritable Offrande d’Amour qui plaît à Dieu ! Ainsi nos malheurs, nos bonheurs, nos joies, nos souffrances deviennent une source de paix et de charité envers notre prochain. « Je vous donne la Paix, je vous donne ma Paix » nous dit Jésus-Christ à chaque Eucharistie, saint Louis-Marie nous donne son secret pour accueillir cette Paix que rien, ni personne ne pourra nous ravir, c’est le « Secret de Marie » , nous plongeant dans une dévotion douce et profonde, dans une relation unique avec Marie notre Mère. Voilà la richesse de son héritage et surtout de son témoignage de vie, radicalement il prêche un Évangile de la liberté, de la joie et de la Paix qui doit jaillir de nos vies, rachetées à prix fort, par Notre bon et doux Sauveur Jésus-Christ !

SOURCES

I/ Sa formation

Son enfance
Son adolescence
Sa jeunesse

II/ Le cri des pauvres

A l’hôpital de Poitiers
Rencontre Marie-Louise TRICHET
Premier coup d’arrêt :
Renvoyé de l’Hôpital
Deuxième coup d’arrêt :
Exilé à Paris
Au Mont Valérien
Retour à Poitiers
Troisième coup d’arrêt :
quitte définitivement l’hôpiltal.

III/ Premières missions,
devant le Pape

Missions à Montbernage : ……..
Saint-Savin, Sainte-Radegonde,
la Résurrection, Saint Simplicien,
Sainte-Catherine, l’Église des
Pénitents etc…
Notre Dame du Calvaire, Paroisse Saint-Saturnin
Quatrième coup d’arrêt :
doit quitter le diocèse
Devant le Pape Clément XI :
reçoit le titre de missionnaire apostolique.

IV/ Dix années de missions incessantes

Dans son pays,
Quelques fioretti : Rennes, Montfort etc…
Dinan : « Ouvrez à Jésus-Christ !»
Cinquième coup d’arrêt :
Diocèse de Nantes, rencontre avec
l’Abbé Pierre des BASTIERES
Calvaire de PONT-CHÂTEAU
Diocèse de la Vendée,
Dernier coup d’arrêt:
Saint Laurent sur Sèvre.

V/ Mystère du « Bon Père
de MONTFORT »

Sources tirée des livres de :

1 – Marie-Claire et François GOUSSEAU, édition Pierre TEQUI :
« Un prophète de l’Espérance, Saint Louis-Marie GRIGNION de MONTFORT »

2 – Benedetta PAPASOGLI édition BELLARMIN :
« L’homme venu du vent »

 

I/ Sa formation

Son enfance :

Il est l’aîné de 18 enfants dont 8 mourrons en bas âge, il est né le 31 janvier 1673 à Monfort sur Meu près de Rennes. Son père Jean-Baptiste GRIGNION, petit avocat, se réfugie avec toute sa famille en la demeure du Bois Marquer en Iffendic, non loin de Montfort pour cultiver la terre car plus sûr que son poste d’avocat, ce qui permet à toute la famille de vivre, frugalement mais à l’abri du besoin. Devant les nombreuses colères de son père, Louis déjà enfant saura trouver les mots et les attitudes pour consoler sa mère, puis étant l’aîné, il entraînera déjà comme un véritable petit missionnaire les autres de la fratrie à des exercice de piété, comme la récitation du chapelet, de même pour ses camarades qu’il réussi à captiver en leur donnant bonbons et cadeaux afin d’attirer leur attention pour les exhorter à la perfection et leur faisant de la lecture pieuse et cela marchait. C’était un enfant gai et entraîneur comme on peut le voir. Cela peut paraître exagéré ou édulcoré mais non, c’est la stricte vérité : un enfant mû par la grâce peut déjà avoir une maturité exemplaire. Ce n’est pas fini continuons !

Son adolescence :

Nous avons deux grand témoins de la sainteté de sa vie, son oncle maternel l’Abbé Alain Robert et son ami d’enfance et qui le restera toute sa vie, Jean-Baptiste Blain. Ces deux témoins s’accordent pour reconnaître à l’enfant et à l’adolescent une innocence tout à fait particulière. Blain raconte comment, au cours de leurs conversations de jeunes gens, il découvre avec stupeur que non seulement son ami ignore le vice mais, qui plus est, n’a connu aucune de ces tentations, sujets de tant de luttes pour les jeunes gens.
En octobre 1685 le jeune Louis entre au collège Saint Thomas BECKET à RENNES, tenu par les jésuites. Il y a deux milles élèves qui y suivent les cours, plus la messe quotidienne, s’enrôle dans des associations mariales, il y reçoit un solide enseignement dogmatique et religieuse mai surtout c’est là qu’il rencontre son ami Blain, qui deviendra son premier biographe. Louis-Marie brille dans les études comme dans la vertu. Outre les dons intellectuels, il reçu en partage d’incontestables dons artistiques. Il cultive aussi la poésie, aime peindre et sculpter, page 17, en plus de tous ces dons, il reçu des dons physiques étonnants. Élevé à la campagne, c’est « un dur» la marche par tous les temps, à travers routes et champs, le ventre creux, le plus souvent, voilà le sport auquel il se livre, sa vie entière. Le nombre de kilomètres qu’il a ainsi parcouru doit être impressionnant et constitué certainement une performance de premier ordre. Durant toute sa scolarité Saint Louis-Marie fut toujours attentif aux pauvres et aux malades qu’il rend visite à l’hôpital ou à domicile. Là, prend naissance son désir « d’évangéliser les pauvres ». A la fin de ses études, il décide de devenir prêtre et la divine Providence, l’enverra à la capitale en ce début d’hiver 1693, « Saint-Sulpice lui est ouvert ».

 

Sa jeunesse :

 

Saint Louis-Marie rompt avec son enfance et son adolescence : enfin le voilà seul et maître de sa vie : il part seul à pied de Rennes vers Paris, un habit neuf sur le dos et dix écus en poche, dit adieu à ses proches et à son ami Blain. En route, dès qu’il passe le pont de Cresson qui prendra pour Louis, une signification profonde, Louis GRIGNION va enfin assouvir sa soif de se livrer totalement à la divine Providence, et celle-ci va l’interpeller dans la rencontre avec un gueux quémandant une aumône, avec enthousiasme il va se dépouiller, donner tout son argent et échanger ses habits contre les guenilles du misérable, et se mettant à genoux, va faire serment et allégeance à « Dame pauvreté ». Ce sera pour lui dorénavant sa règle de vie, jamais plus il ne s’en écartera. Il n’a plus le choix, il mendie son pain et un peu de paille pour le coucher et au bout de huit jours arrive à Paris complètement enguenillé et exténué mais comblé ! Ayant refusé la dote qui l’eut permis de vivre au milieu des nantis à Saint-Sulpice, on lui octroya la petite communauté des pauvres futures séminaristes, chez l’Abbé de la BARMONDIERE, ancien curé de Saint-Sulpice. Dans cette maison, on ne faisait pas semblant de jouer au pauvre car non seulement il fallait s’occuper de l’intendance mais en plus il fallait travailler pour manger et même souvent aller mendier pour pouvoir subsister. Saint Louis-Marie était aux anges, tout cela lui convient très bien et on lui propose comme emploi d’aller veiller les morts trois ou quatre fois par semaine à la paroisse, ce qu’il exécute avec joie et en tire une grande expérience de vie ! Veiller les morts, lui fait comprendre crûment la précarité de notre vie et la bonne résolution de s’en remettre totalement entre les mains du Père qui est dans les Cieux. La Providence va bien s’occuper de son jeune apprenti puisque à peine deux années passé dans cette petite communauté, l’Abbé de la BARMONDIERE meurt et la maison doit fermer. Pourtant celui-ci était la première personne et peut-être la seule, à avoir compris ce jeune séminariste, avide de pauvreté et désireux de se livrer à la Providence. Maintenant, bien ancré dans l’amour de la pauvreté, Celle-ci va s’occuper de sa formation et de son humilité. En le faisant entrer au Petit Séminaire de Saint-Sulpice, où l’on accueillait aussi de pauvres séminaristes.Durant deux années, il va avoir l’appui de son directeur spirituel l’Abbé Baüyn, celui-ci le pourvoie d’un poste inattendu celui de maître de cérémonies mais surtout celui de bibliothécaire, ce qui durant les années de sa formation de séminariste va lui apporter une richesse intellectuelle inouïe. Recevant déjà une formation théologique et philosophique de premier ordre, il va pouvoir compléter ses connaissances grâce à l’opportunité de ce poste de bibliothécaire en lisant beaucoup de livres, ce qui sera un acquis exceptionnel durant sa vie de missionnaire. Puisque de son aveu, il dira dans son Traité de la dévotion à la Sainte Vierge à la strophe VD[118] « Après tout, je proteste hautement qu’ayant lu presque tous les livres qui traitent de la dévotion à la Très Sainte Vierge, et ayant conversé familièrement avec les plus saints et savants personnages de ces derniers temps,………» Pour ne pas perdre le trésor de grâces et riche de cette opportunité, en contre partie, la Sainte providence, va aller plus loin afin d’armer et consolider sa sainteté déjà réelle, va l’entraîner dans l’acquisition des vertus spirituelles, et la première de celle-ci et la plus sensible, est l’humilité. C’est un très bon élève mais Louis-Marie n’en cesse pas pour autant d’être une énigme pour ses condisciples et, pour la plupart, une énigme irritante. S’il cache de son mieux les austérités dont il use déjà depuis plusieurs années, il ne peut s’empêcher de faire oraison pendant la récréation, de tenir les yeux mi-clos pour ne pas se laisser distraire d’une méditation intérieure continuelle, de garder -ô scandale pour l’époque-son chapeau sous le bras par « respect pour la présence de Dieu ». Tout cela, avec le sourire le plus détendu et le plus naturel. Son directeur lui demande, alors, de participer davantage aux récréations. Toujours docile, il s’exécute, et au-delà. Il copie donc un recueil de bons mots qu’il débite «d’un air dévot». Aussi les camarades rient-ils, de bon cœur, du conteur beaucoup plus que des histoires contées. Saint Louis-Marie a soif de perfection, après la pauvreté matériel acquise, Louis décide de choisir selon ses termes, « la science des saints » : au milieu de ce « temple » d’intellectuels qu’est la Sorbonne, il va s’éloigner de l’intellectualisme qui aboutit souvent à l’orgueil et un air de supériorité sur les autres, il choisit la voie des simples et petits, des enfants j’oserais dire. c’est là qu’il heurte ceux qu’il côtoie chaque jour, les médiocres, les calculateurs, les prudents selon l’esprit du monde et les conformistes de tout format, là qu’il les heurte de plein front, à son propre insu, et d’autant plus brutalement. Aux compagnons donc de crier à la «bizarrerie», aux maîtres de se méfier, de redouter l’imposture, l’orgueil ou l’imprudence. Lui seul ne semble pas réaliser la profondeur du fossé qui se creuse. Suspect à ses supérieurs, brimé par ses compagnons, ce n’est encore que la préparation lointaine aux heures d’abandon. C’est ainsi qu’en 1696 l’Abbé Baüyn meurt et Louis perd à nouveau un précieux appui. C’est alors que la Providence va confier ce séminariste très spéciale et hors norme, entre les mains de deux Abbés experts en accompagnement spirituel, l’Abbé Brenier directeur du Petit Séminaire et surtout l’Abbé Leschassier qui sera son confesseur. Pour ces deux ecclésiastiques ce séminariste est embarrassant : Voilà deux hommes bien embarrassés ! Page 26, Que penser de ce jeune homme si bien doué, travailleur, brillant à ses heures et en même temps d’une telle discrétion, d’un effacement volontaire dont il sort, d’une manière étonnant, voire intempestive, lorsqu’il parle de Dieu ou de sa Mère ? Ils connaissent ses incroyables pénitences, son désir toujours inassouvi de faire payer à son propre corps les péchés des autres. Est-ce réellement un saint ? Ou un fou, perdu d’orgueil ? Ou un habile comédien ? Ou simplement un de ces originaux qui ne sont en fait que des forcenés individualistes ? Par moment, ses supérieurs penchent pour l’admiration. Cette intelligence si claire, si rapide, va droit à l’essentiel. En cette époque où le jansénisme commence à sérieusement bouleverser et embrumer les esprits, elle discerne au premier coup d’œil la vérité de l’erreur. Vues précises et sûres qui ne demeurent pas chez lui au stade de la pure contemplation intellectuelle mais passent immédiatement au domaine de l’application pour le bien des cœurs. Ce garçon encore jeune sait déjà parler, remuer les cœurs, convaincre les esprits. Sa piété est incontestable. ……. Ce garçon, intelligent, pieux, mortifié, entreprenant, de plus, n’a peur de rien. Page 28, Or voilà, précisément, ce qui choque ces Messieurs de Saint-Sulpice. Que GRIGNION de Montfort soit un saint, un vrai saint, ils seront bien prêts de l’admettre. Mais cette sainteté se manifeste un peu trop bruyamment. Louis-Marie est un saint encombrant; il ne laisse rien passer et se montre trop chatouilleux sur l’honneur de Dieu ! Que n’est-il plus raffiné dans son comportement et son langage ? Pourquoi ne met-il une sourdine à son enthousiasme ? Plus « ordinaire » il serait le disciple parfait que des maîtres puissent souhaiter. Il vaut la peine de le « dresser », décident ses supérieures. Rien ne lui sera épargné : vexations publiques, sévérités sans nombre, interprétation défavorable de chaque geste ou parole. Cette attitude ne fait qu’encourager les brimades des camarades. Ne vont-ils pas jusqu’à le gifler ? Il faut croire que l’épreuve ne dépasse pas la mesure de son courage et de son humilité puisqu’il la supporte avec patience et que rien ne peut entamer sa sérénité. Rude école de sainteté ! Ce qui impressionne tout le monde, c’est que des ces années de « persécutions » morales et oppressions successives, Louis-Marie reste de marbre, avec douceur et une certaine naïveté enfantine, il garde une sérénité naturelle et souriante. Ouhaaaaaa ! Quelle grâce,n’est-ce pas ? Quelle sainteté ! C’est que déjà il a atteint des sommets de grâces inouïes ! Enfin : Louis-Marie GRIGNION devient prêtre.le samedi des Quatre-Temps de la Pentecôte, en 1700……..Vers quel avenir va donc s’orienter le jeune prêtre? Son premier désir le porte vers les missions lointaines : le Canada.

II/ Le cri des pauvres :

Hôpital de Poitiers :

Providentiellement il va se retrouver à Poitiers pour demander à Monseigneur Girard un champ d’apostolat, écoutons saint Louis-Marie dans une de ses lettres : « L’homme venu du vent » de Benedetta PAPASOGLI édition BELLARMIN : Page 135, « J’arrivai à Poitiers la veille de saint Jacques et de saint Philippe, et je fus contraint d’y attendre quatre jours Monseigneur de Poitiers, qui devait bientôt revenir de Niort, où il était. Pendant ce temps, je fis une petite retraite dans une petite chambre, où j’étais enfermé au milieu d’une grande ville, où je ne connaissais personne selon la chair. Je m’avisai pourtant d’aller à l’hôpital pour servir les pauvres corporellement si je ne pouvais pas spirituellement. J’entrai pour prier Dieu dans leur petite église, où quatre heures environ que je passai en attendant le souper, me parurent bien courtes. Elles parurent cependant bien longues à quelques pauvres qui, m’ayant vu à genoux, et avec des habits si conformes aux leurs, allèrent le dire aux autres et s’entre-excitèrent les uns les autres à boursiller pour me faire l’aumône : les uns donnèrent plus, les autres moins; les plus pauvres un denier, les plus riches, un sol. Tout cela se passait sans que je le susse. Je sortis enfin de l’église, pour demander quand on souperait et en même temps la permission de servir les pauvres à table; mais je fus bien trompé d’un côté, ayant appris qu’ils ne mangeaient pas en communauté, et bien surpris de l’autre, ayant appris qu’on voulait me faire l’aumône, et qu’on avait donné l’ordre au portier de ne pas me laisser sortir. Je bénis Dieu mille fois de passer pour pauvre et d’en porter les glorieuses livrées, et remercier mes chers frères et sœurs de leur bonne volonté. Ils m’ont depuis ce temps-là pris en telle affection, qu’ils disent tous publiquement que je serai leur prêtre, c’est à dire leur directeur, car il n’y en a point de fixe dans l’hôpital depuis un temps considérable, tant il est pauvre et abandonné. »
Pressé par le cri des pauvres qui lui ont écrit une supplique, Mgr. Girard accepte leur demande : le père Louis-Marie devient l’aumônier de l’hôpital, qui abrite environ 400 mendiants, c’est une maison sombre et triste « une maison de troubles où la paix ne règne point. » Il va se comporter par la force des choses comme un véritable directeur en apportant de salutaires changements. Il franchit le seuil de cette « pauvre Babylone, » sachant bien qu’il y trouvera croix et contradictions, il y entre comme un porteur de paix, dans l’humilité et la dignité de son sacerdoce. Les jours, les semaines, les mois passent : tiré du livre « L’homme venu du vent » Page 151 : Ses habits ne sont pas meilleurs que ceux des pauvres. Il part le matin, avec un petit âne chargé de paniers, entouré d’une bande de mendiants, pour faire le tour de la ville et ramasser des aumônes. Les pauvres se sentent aimés. Louis, qui n’a pas encore 30 ans, a pour ces hommes souvent âgés, pour ces douloureux et peu attirants, rebuts de l’humanité, des tendresses de mère; il les soigne de ses propres mains et se défait de ses couvertures pour les réchauffer etc … Il va promouvoir un esprit plus fraternel et respectueux des plus pauvres en mangeant à la même table, donc la même nourriture qu’eux, les servants lui-même, quémandant pour remplir les cuisines et la caisse pour parer au plus urgent des travaux de rénovation etc….. il va aller plus loin, car c’est un prêtre de Jésus-Christ, il va créer une véritable petite « communauté religieuse » « La Sagesse » composée des pauvres eux-mêmes, pour les mettre tous devant le Seigneur dans un esprit de piété et de prière, il va choisir comme supérieure et responsable parmi les pauvres une femme aveugle.

 

Rencontre Marie-Louise TRICHET

Tiré du livre « Un prophète de l’Espérance » Page 37, Le rayonnement de Louis-Marie a cependant franchi les murs de l’hôpital, il prêche en ville, réunit des jeunes gens auxquels il apprend à faire oraison et voit son confessionnal pris d’assaut. Un beau jour de l’an 1702 s’y agenouille la fille d’un procureur au présidial. Page 38, « Qui vous a conseillé de vous adresser à moi?» demande à brûle-pourpoint le confesseur. «Mon Père, c’est ma sœur.» « Non, ma fille, ce n’est pas votre sœur, c’est la sainte Vierge », rétorque-t’il tout net. Louise vient ainsi d’entrer dans la vie de Montfort : elle a dix huit ans, aspire à la vie religieuse, ce qu’approuve sans hésitation son nouveau confesseur. « Vous vous confessez au prêtre de l’hôpital; vous deviendrez folle comme lui ! » s’écrie Mme Trichet. La trop prudente mère ne croyait pas si bien dire et elle en eut – sur le plan humain s’entend – la démonstration rapide…………Louis-Marie déclare tout de go : « Venez à l’hôpital : il n’y a pas de places parmi les gouvernantes, sollicitez votre admission comme pauvre! » Dans la ville même où elle a toujours vécu, fille d’un magistrat en vue, Louise Trichet s’exécute aussitôt: elle doit supplier pour se faire admettre. Elle vit parmi les pauvres, les percluses, les incurables, et comme elles. L’aumônier, qui voit loin, la fait entrer dans le petit groupe de « La Sagesse » et elle promet obéissance à la supérieure aveugle. Les bourgeois de Poitiers, le personnel de l’hôpital s’esclaffent, quand le 02 février 1703, il lui donne le nom de Marie-Louise de Jésus et l’habit gris : à leur insu vient de naître une grande œuvre, celle des sœurs de la Sagesse, mais « ils ont des yeux et ne voient pas ».

 

Premier coup d’arrêt : renvoyé de l’Hôpital

« L’homme venu du vent » Page 153 : Ce prêtre mal vêtu, émacié, aux manières « originales» avec plus qu’une nuance de rusticité, aux yeux ardents où brille un défi lumineux, qui entraîne derrière lui un monde à l’aspect peu recommandable, qu’il traite comme des «princes». Tout ceci va lui causer des tracas de la part de l’administration qui ne voyait pas comme lui, tous ces changements d’un bon œil, toutes ces innovations nouvelles, ces changements de règles etc…. mais de là à mettre une aveugle comme supérieure de cette nouvelle communauté, et dévoyant une jeune fille de la Haute société etc… cela est de trop. Mgr. Girard est décédé, lui succède Monseigneur de la POYPE, certainement moins bienveillant envers Louis-Marie, fatigué des plaintes des uns et des autres à l’égard de celui-ci, va tout simplement le répudier de son diocèse, dissolvant au passage cette pauvre petite communauté de la « Sagesse ». Au bout de deux années passé à Poitiers, saint Louis-Marie, contraint, va quitter le diocèse, et part pour Paris pour aller prendre conseil auprès de son ancien directeur spirituel, l’Abbé Leschassier à Saint-Sulpice malgré le désir de celui-ci de ne plus continuer avec lui. Mais que devient Sœur Marie-Louise ? Confrontée seule à tous ses détracteurs, elle trouvera en la personne de Monseigneur de La POYPE un appui, puisqu’il acceptera qu’elle reste à l’hôpital, d’ailleurs c’est ce que saint Louis-Marie lui recommandera : « Restez à l’hôpital ». Un peu désemparée sœur Marie-Louise, attend.

 

Deuxième coup d’arrêt : Exilé dans Paris

 

Voilà, nous sommes en mai 1703 Louis-Marie arrive à Paris, à Saint-Sulpice, chercher un conseil, un avis auprès de l’Abbé Leschassier son ancien directeur spirituel et confesseur, « L’homme venu du vent » : Page 184, Louis-Marie frappe à la porte de Saint-Sulpice c’est la récréation l’Abbé Leschassier se détend avec ses séminaristes, …… « alors que la grande figure du fils prodigue apparaît, au milieu du groupe. Jusqu’à l’aspect de cet homme qui déshonore, dans ses haillons, la dignité sacerdotale, est de nature à contrarier vivement Mr. Leschassier. Il reçoit Louis « avec un visage glacé, et le renvoie honteusement, d’un air sec et dédaigneux, sans vouloir ni lui parler, ni l’entendre ». Jean-Baptiste Blain assiste « comme interdit » à l’humiliation de son ami. Louis la supporte avec une douceur impassible et se retire, accompagné, pour un bout de chemin, par le compatissant Blain qui, devant ce visage allongé et calme, sent mourir sur ses lèvres autant le reproche que le réconfort. Louis pour la première fois de sa vie se retrouve seul, repère non loin de là, un abri sous un escalier obscur, rue « Pot-de-Fer », s’y réfugie. Ainsi la divine Providence prend soin de son prétendant et le rapproche d’elle et de ses charmes.
Tout Paris et surtout dans le milieu ecclésiastique on parle du « cas Montfort » Page 185, La grande question revient sur le tapis : est-ce que Louis est conduit par le bon esprit ?…..Le séminaire se divise en deux factions, l’une favorable, l’autre opposée au Père de Montfort.…….. Dans cette grande désolation ……. Jean-Baptiste Blain est tiraillé et troublé, il connaît son ami Louis, il sait qu’il n’est pas fou, ni dans un délire mais tellement de bons personnages spirituels le critiquent qu’il ne sait plus quoi penser, pourtant, malgré son amitié profonde, il cessera d’aller voir celui qui est la risée de beaucoup et la cause de perplexités de certains haut personnages. Décidément « Dame Pauvreté » soigne son prétendant, elle le veut pour elle seule ! Après tant d’échecs répétés, peut-être est-il fait pour la vie contemplative ? Louis ne sait plus très bien quoi faire ! Il fait de son pauvre abri, sa « retraite », il prit, et rédige un petit traité sur l’amour de Dieu envers les hommes : « L’Amour de la Sagesse éternelle », véritable antithèse contre l’esprit janséniste qui rappelle que l’Amour de Dieu est centrale dans l’Évangile. Désormais seul, il déambule dans les rues de Paris pour chercher sa pitance quotidienne comme les gueux, l’hiver approche, il fait froid, très froid, il s’en remet totalement à Dieu ! Dieu Seul, telle sera sa devise durant toute sa vie, maintenant il connaît la profondeur et la rigueur de cette phrase de l’Évangile. Mathieu 6,31 « Ne vous inquiétez donc pas, en disant : Qu’allons-nous manger? qu’allons-nous boire? de quoi allons-nous nous vêtir ? 32 -tout cela, les païens le recherchent sans répit, il sait bien, votre Père céleste, que vous avez besoin de toutes ces choses. 33 Cherchez d’abord le Royaume et la justice de Dieu, et tout cela vous sera donné par surcroît. 34 Ne vous inquiétez donc pas pour le lendemain: le lendemain s’inquiétera de lui-même. A chaque jour suffit sa peine » a proclamé Jésus-Christ ! Ne le croyons-nous pas ? En tous les cas Saint Louis-Marie, n’en doute pas un instant. Extrait d’une lettre à Sœur Marie-Louise datant du 24 octobre 1703, il écrit : « L’homme venu du vent » : Page 184, « Le ciel, la terre passeraient plutôt que Dieu manquât de parole en permettant qu’une personne qui espérait en Lui avec persévérance fût frustrée dans son attente…..Je sens que vous continuez à demander à Dieu pour ce chétif pécheur la divine Sagesse, par le moyens des croix, des humiliations et de la pauvreté. Courage, ma chère fille, courage. Je vous ai des obligations infinies, je ressens l’effet de vos prières, car je suis plus que jamais appauvri, crucifié, humilié. Les hommes et les diables me font dans cette grande ville de Paris une guerre bien aimable et bien douce. Qu’on me calomnie, qu’on me raille, qu’on déchire ma réputation, qu’on me mette en prison. Que ces dons sont précieux, que ces mets sont délicats, que ces grandeurs sont charmantes. Ce sont les équipages et les suites nécessaires de la divine Sagesse, qu’Elle fait venir dans la maison de ceux où elle veut habiter. Oh, quand posséderai-je cette aimable et inconnue sagesse? Quand viendra-t-elle loger chez moi? Quand serai-je assez bien orné pour lui servir de retraite, dans un lieu où elle est sur le pavé et méprisée ! Cette lettre en dit long sur les sommets immenses de sainteté où saint Louis-Marie est arrivé, loin d’être écrasé ou désœuvré, il est serein et dans une jubilation intérieure vertigineuse.

 

Au Mont-Valérien

Certaines âmes ne se laissent pas dupés par le voile du « quand dira-t-on » de la mauvaise réputation que tout le monde lui fait et vont faire appel à ses services. Mais à quoi un prêtre qui ressemble plus à un gueux peut être utile à l’Archevêque de Paris ?
Malgré ce que le monde pense de ce prêtre « bizarre », il va trouver Louis-Marie dans sa sombre retraite et lui demander un service, spéciale. A l’Ouest de Paris se trouve un monastère isolé sur le Mont Valérien, malheureusement les moines ont perdu l’harmonie dont la prière, les médiations extérieures à essayer d’apporter la solution pour rétablir la paix ont toutes échouées et voilà que le cardinale de Paris veut envoyer Louis-Marie de Montfort, certainement mu par une inspiration divine puisque cela va trouver en lui toute satisfaction à ce délicat problème. Saint Louis-Marie, sans poser de questions, accepte. Il arrive un soir d’hiver, le froid était mordant et pénétrant, arrivant sur les lieux la nuit tombé, il va s’agenouiller devant le grand Calvaire qui était à côté du monastère et sans un mot en silence, va rester là, planté comme un bois mort ! Les moines pensant qu’il va rester ainsi en adoration que quelques instant vont vite s’inquiétaient « L’homme venu du vent » : Page 215, La morsure du froid risque de couper la respiration quand on reste immobile, ……Les ermites voient Louis, dans sa soutane râpée, blêmir et trembler dans le froid intense. Apitoyés, ils lui offrent un de leurs vêtements qui le protégera un peu mieux ………….. Il devient donc l’un des leurs. Le succès est total. Tout s’accomplit paisiblement, dans le grand silence de l’ermitage. La figure décharnée de l’homme qui porte sur lui le sacrifice de leur vocation et qui le porte avec courage et patience, comme eux n’ont pas su le faire, est pour les ermites le rappel vivant dont ils avaient besoin. Notre saint va passer l’hiver au milieu d’eux vivant comme eux et sans paroles mais grâce à son exemple héroïque, il va ramener la paix et la concorde dans ce saint lieux, offrant aux ermites, non un message mais une manière d’être et une présence. Mission accomplie !

 

De retour à Poitiers :

Il s’apprêtait à retrouver son refuge rue «Pot de Fer» qu’une nouvelle inattendue arrive de Poitiers, le cri des pauvres retenti à nouveau : « Nous quatre cent pauvres, vous supplions très humblement, par le plus grand amour et la gloire de Dieu, nous faire parvenir notre vénérable pasteur, celui qui aime tant les pauvres, Mr. Grignion .…………… quel grand bien vous feriez de nous envoyer notre ange ! Les pauvres sont toujours méprisés et on écoute point leurs humbles demandes …………. Les pauvres de Poitiers » Cette lettre est adressé à L’Abbé Leschassier, décidément ce pauvre Abbé, a du mal à se débarrasser de ce très embarrassant prêtre si singulier à ses yeux. Sur ce, saint Louis-Marie touché en plein cœur par cette lettre ne perd pas une minute, part pour Poitiers. Il est reçu en triomphe et en qualité de directeur, il a donc carte blanche.

Troisième coup d’arrêt : quitte définitivement l’hôpiltal

Mais c’est sans compter sur ces adversaires qui au bout de quelques mois réussissent à le « paralyser » et l’empêchent de faire ce qu’il veut, alors c’est de lui-même qu’il décide de partir en prenant soin de l’expliquer à tous ses amis surtout à sœur Marie-Louise en qui il se remet pour prendre sa décision. En effet, elle seule connaît les croix que son saint directeur endure et d’un commun accord saint Louis-Marie quitte définitivement l’hôpital mais non Poitiers, il s’installe avec l’autorisation de Mgr.de la Poype dans la maison des pénitents, rue des Feuillants.

III/ Premières missions paroissiales et
rencontre avec le Pape Clément XI :

Tiré du livre « Un prophète de l’Espérance » Page 46, Louis-Marie laisse à nouveau l’hôpital et Marie-Louise Trichet, Catherine Brunet, sa compagne de fraîche date, et l’association de la Sagesse. Mais les jeunes filles se savent à présent les racines d’une congrégation vouée au service des pauvres, ……….. et qui verra le jour prochainement. Réfugié dans une maison dans Poitiers, il y fait une retraite, le démon s’acharne sur lui car il sait que l’heure est proche, que l’apprentissage de ce prêtre enguenillé s’achève et qu’il va lui enlever et extirper beaucoup d’âmes. Au début de l’été 1705 Louis-Marie débute sa carrière hors norme de missionnaire ! Les habitants de Poitiers voient revenir Louis-Marie, ils ne se doutent nullement que s’ouvre la période de dix ans de prédications d’un des plus grands convertisseurs d’âmes. Il revient d’un pas ferme, prêcher missions en la ville et dans les faubourgs et restaurer les sanctuaires. Nouveau François d’Assise, il s’attaque à cette tâche sans ressources, sans collaborateurs.

 

Montbernage :

Sa première mission se trouve à Montbernage, dans les faubourgs de Poitiers. « L’homme venu du vent » Page 226-227, L’église paroissiale de Sainte-Radegonde – ravissante église médiévale … est trop éloignée et peu fréquentée par les chrétiens du faubourg. Dans le cœur de Montbernage, au contraire, s’élève un fenil, la « Grange de la Bergerie; c’est un lieu de rencontre et de danse pour les jeunes. Louis « l’achète» et la restaure avec des deniers ramassés à cette fin parmi le peuple. En peu de jours, au lieu de la bicoque, surgit une chapelle ……. Marie, Reine des Cœurs. Quand vient le moment des adieux, il regarde autour de lui : si quelqu’un s’engage à réciter le rosaire dans l’oratoire, les jours de fête, Louis laissera à Montbernage son image de la Vierge et avec elle « son cœur ». Un ouvrier Jacques Godeau, s’avance. Quarante ans plus tard, celui qui visitera la chapelle destinée à devenir un petit sanctuaire trouvera cet humble ouvrier toujours à son poste, fidèle à la consigne.

Missions multiple, Notre Dame du Calvaire

Saint-Savin, Sainte-Radegonde, la Résurrection, Saint Simplicien, Sainte-Catherine, l’Église des Pénitents etc… S’étendant à d’autres milieux, atteignant une couche entière de la population, l’action du missionnaire s’intensifie.

Les missions de 1705 sont l’affirmation d’une capacité pastorale renversante. ( Les peuples le suivaient en foule et étaient tellement pénétrés de ses discours qu’ils fondaient en larmes, éclataient en soupirs et en sanglots, criant à haute voix : « Miséricorde ! »)….Page 228 Mais sur cette poussé initiale, voici le premier arrêt, le premier écrasement. Louis prêche dans l’église de Notre Dame du Calvaire, siège de la congrégation des Calvairiennes, fondée par le Père Joseph Tremblay, l’éminence grise de Richelieu. L’église est située dans la partie haute de la ville, entourée des beaux quartiers de l’élite sociale de Poitiers. La mission a duré trois semaines; elle arrive à sa fin et une grande manifestation se prépare pour exprimer le renouvellement des consciences. Le Père de Montfort est entré dans les maisons, il a opéré des réconciliations et, avec persuasion, il a soustrait aux « libertins » une grande quantité de littérature et d’images grivoises. Ces livres et ces tableaux seront solennellement brûlés dans un bûcher érigé devant l’église. Dans les cendres, la croix de la mission sera plantée ….. Sur le parvis on travaille à préparer le bûcher ………….. Le soir arrive et bientôt les flammes scintilleront dans le crépuscule. …… Le spectacle doit être complet; voici qu’au sommet du monceau, on hisse un mannequin de paille dans les accoutrements d’une mondaine portant une énorme perruque, maquillée, indécente et pittoresque. On crie que c’est le symbole du diable. Dans l’atmosphère surexcitée, les idées s’enchevêtrent. La tête du grossier diable féminin est ornée de saucisses en guise de pendants d’oreilles. La cérémonie du bûcher, ……… frise le carnaval populaire dont le caractère licencieux et ridicule fait frémir un prêtre qui a assisté Louis durant la mission.
Louis est en train de prêcher dans Notre Dame du Calvaire, quand on entend le bruit d’un carrosse sur le parvis. Une silhouette inattendue apparaît sur le seuil : c’est Monsieur le Villeroi, vicaire général du diocèse et un de ceux qui n’ont jamais eu de sympathie pour le Père de Montfort. Averti du spectacle qui se prépare, il est accouru en personne. Son entrée est un coup de théâtre qui laisse les assistants interdits. Il attaque le prédicateur sévèrement, en l’humiliant et en lui imposant silence. Louis s’est mis à genoux. Son visage couleur de cendre n’a pas changé d’expression. Quand l’autre s’est éloigné, il dit seulement : « Mes frères, nous nous disposions à planter une croix à la porte de cette église. Dieu ne l’a pas voulu, nos supérieurs s’y opposent. Plantons-la au milieu de nos cœurs. »
La foule se disperse lentement et Louis, demeuré seul, goûte la saveur brûlante de ce qui est arrivé. Il passa la nuit sans dormir, au pied de l’autel, dans un état « d’agitation violente », non pas tant pour l’humiliation personnelle qui l’a atteint que pour les risques de faillite de la mission, pour la désapprobation publique jetée sur la personne du missionnaire juste la veille du jour crucial, qui est destiné aux confessions et aux communions ……… Doit-il s’en aller, pour enlever au peuple un motif de scandale ? L’église sera peut-être déserte ? Comment réparer, comment faire oublier ? Le matin suivant l’église est bondée de monde. Tous sont venus : ……… Louis monte en chaire, le visage tiré par la nuit d’insomnie; il demande pardon au peuple avec des accents qui vont au cœur de tous les assistants ……. Au moment de la communion, le peuple se presse vers l’autel, et c’est la clôture très solennelle de la mission dans une atmosphère d’émotion inaccoutumée.

Paroisse Saint-Saturnin :

« Un prophète de l’Espérance » Page 50-51, Saint Louis-Marie poursuit sa mission dans la paroisse saint-Saturnin et s’attaque ici à de rudes adversaires. Sur le territoire de cette paroisse s’étend le vaste jardin des Quatre-Figures, repaire des libertins de la ville qui s’y livrent à toutes les débauches. Les honnêtes gens feignent de l’ignorer ou détournent publiquement les yeux. Mais Louis-Marie ne l’entend pas de cette oreille. Il commence par s’y cacher plusieurs nuits, il y prie et s’y donne la discipline; « ces démons-là ne peuvent se vaincre que par le jeûne et la pénitence ». Puis un beau jour, il y lance allègrement, bannières au vent, au chant des cantiques, une procession réparatrice. « Au fou ! Grand naïf ! Quel scandale ! » durent crier ou murmurer leur humeur, les esprits chagrins du lieu et de l’époque. Le résultat ne se fit pourtant point attendre. Bientôt le rendez-vous des dépravés et des malandrins change de destination : on construit dans le jardin un hôpital destiné aux Incurables. Expulsé de son domaine en la ville de Poitiers, Satan va chercher à son tour à envoyer au loin son vainqueur.

Quatrième coup d’arrêt : il doit quitter le diocèse :

………… Page 230, Une semaine passe Mgr. de La POYPE, de retour d’un séjour à Versailles, est rentré dans son diocèse. Il apprécie et comprend Louis, mais aujourd’hui, l’amour de la paix et l’intérêt du diocèse demandent à ce pasteur conciliant de sacrifier le Père de Montfort. Il lui intime l’ordre de quitter Poitiers immédiatement. ………….
De nouveau le voilà déraciné ……….

Rencontre avec le Pape Clément XI :

Que faire maintenant ? Son rêve de toujours, celui d’aller évangéliser les pauvres aux confins de la terre, dans l’autre monde, resurgit et décide d’aller trouver le Pape afin de partir pour les missions lointaines.

« Un prophète de l’Espérance » Page 51, C’est le début du carême de 1706, Louis-Marie reprend son bâton de voyageur …………. d’un pas léger il part pour Rome. Le voyage aura durer environ trois mois, toujours « à la manière des apôtres » en mendiant son gîte et son couvert.

Le 06 juin 1706 Louis-Marie est au pied du Pape Clément XI. « L’homme venu du vent » Page 235-236, C’est un homme aux qualités agréables : humaniste, poète, orateur éloquent, maître en études juridiques, connaisseur éclairé des problèmes politiques. Une bonté large et généreuse le caractérise et se reflète dans ses manières courtoises et engageantes qui subjuguent celui qui l’approche. Il possède le don de mettre à l’aise ……… selon les témoignages des contemporains.
Louis est donc au pieds de ce pape, humble seigneur au regard accueillant, et il tremble de révérence. Il fixe son regard plein de foi sur la figure du pontife : « Il croit voir Jésus-Christ Lui-même en la personne de son vicaire. » Il expose en latin le motif de sa venue, résumant en de brèves paroles émus et haletantes son histoire, ses désirs ardents, sa disponibilité. Le Pontife écoute et mesure en lui-même la stature de cet homme qu’il ne connaît pas. Subit-il « le charme de la sainteté » du prêtre breton ? Se méfie-t-il de l’apparence « un peu exalté » de ce pèlerin ? Le dialogue se continue en français et Clément XI se montre paternel. Il interroge Louis, lui permettant de s’étendre longuement sur la dévotion mariale, sur la forme qu’il donnerait à la mission, sur ses projets de fondation. Et en même temps, il pense aux diocèses de France, de cette terre difficile que le courant gallican éloigne de Rome et que le jansénisme ronge dans sa foi et sa fidélité.

« Un prophète de l’Espérance » Page 52, Il expose au Saint Père sa situation, ses déboires, mais surtout l’objet de ses continuelles pensées. Il ne peut s’empêcher, « vue la nécessité de l’Église, de demander continuellement, avec gémissements, une petite et pauvre compagnie de bons prêtres qui, sous l’étendard et la protection de la Très Sainte Vierge, aillent de paroisse en paroisse, faire le catéchisme aux pauvres paysans, aux dépens de la seule Providence ». Mais il est prêt à abandonner ce dessein, si le Pape juge préférable de l’envoyer vers les missions lointaines. Louis attend la réponse d’une âme sereine.

« L’homme venu du vent » Page 236, …. la réponse du Pape remplit le silence : « Vous avez, Monsieur, un assez grand champ en France, pour exercer votre zèle; n’aller point ailleurs, et travaillez toujours avec une parfaite soumission aux évêques dans les diocèses desquels vous serez appelé : Dieu, par ce moyen, en donnera bénédictions à vos travaux »………Il confère à Louis le titre de «missionnaire apostolique», (c’est dire qu’il n’est rattaché à aucun diocèse mais soumis aux évêques, il travaillera au renouvellement de toute la chrétienté).

Pour saint Louis-Marie, ce que le Pape lui a dit c’est comme si c’était Jésus-Christ Lui-même qui avait parlé. Donc maintenant finis les doutes et les soucis de quelle vocation embrassée, Dieu a parlé par la bouche de Clément XI. Déçu, alors qu’il pensait partir vers les terres lointaines? Pas du tout, Louis-Marie rentre chez lui en France, le cœur léger et plus que jamais joyeux, direction, le Mont Saint Michel, remettre sous la protection du grand Archange Saint Michel, sa nouvelle mission française, car il sait que le combat sera dur et sans pitié. Confirmer dans sa vocation par le Pape lui-même, il s’en va le cœur léger et libre plus que jamais !

« C'en est fait je courre par le monde,
                        J'ai pris une humeur vagabonde
                        Pour sauver mon pauvre prochain
                        Quoi ? Je verrais l'âme de mon frère
                        Périr partout par le péché,
                        Sans que mon cœur en fut touché ?
                        Non, non Seigneur, elle est bien trop chère ! »

                        écrit-il dans un de ses cantiques 

           ou  encore :

                    « Que le monde et l'enfer grondent !
                        Gloire en tout lieu
                        A la gloire de Dieu !
                        Que partout on publie Marie,
                        Gloire en tout lieu
                        A la gloire de Dieu ! »

IV/ Dix années de missions incessantes :

Dans son pays ……..
DINAN « Ouvrez à Jésus-Christ ! », Calvaire de Pont-château, Saint Laurent sur Sèvre.

Quelques fioretti ……..

Du Mont Saint Michel, il se dirige vers Rennes, en compagnie de Mathurin Rangeard, premier disciple qui sera le témoin privilégié des dix années de prédications extraordinaires du Bon Père de Montfort. Il rencontra le père de Montfort à peine âgé de dix-huit ans avant de partir pour Rome et Louis-Marie lui avait demandé de l’attendre chez les jésuites à l’Abbaye de Ligugé. De retour ils vont ensemble en pèlerinage au Mont Saint Michel. Chemin faisant ils frappent à la porte d’un couvent de sœurs à Fontevreault :

« L’homme venu du vent » Page 254, « Je demande la charité pour l’amour de Dieu » répète obstinément le prêtre à l’allure inquiétante à la jeune sœur tourière qui l’interroge, curieuse et perplexe, cherchant à saisir le nom et l’origine de l’inconnu. Elle s’en va donc demander l’abbesse Louise-Françoise de Rochechouart, ….. La jeune abbesse se heurte à la même requête : « Je demande la charité pour l’amour de Dieu.» Elle congédie comme s’il était fou le visiteur qui s’éloigne en prononçant une parole humble et malicieuse : « Si Madame me connaissait, elle ne me refuserait pas la charité.» La converse Sylvie, en entendant le récit de ce qui s’est passé et la description de l’étranger, s’écrie; « C’est mon frère! …. » Elles cherchent donc à le rejoindre pour le persuader de revenir, mais Louis continue sa route, et avec un sourire un peu amer : « Madame l’abbesse n’a pas voulu me faire la charité pour l’amour de Dieu; maintenant elle me l’offre pour l’amour de moi; je la remercie.»

Louis-Marie et désormais le frère Mathurin se rendent à Rennes et dans sa patrie à Montfort. Il va prêcher des retraites et missions dans les paroisses alentours etc… Louis décide de revenir « incognito » chez lui, le soir tombe et c’est pourquoi, il envoie frère Mathurin quémander l’hospitalité chez la mère André; elle refuse et le rabroue assez sèchement. Ils poursuivent et essuient refus sur refus, personne ne les accueille, aller, « L’homme venu du vent » Page 258, La dernière maisonnette, la plus isolée, est habitée par un vieux paysan du nom de Pierre Belin. Lui aussi entend frapper à sa porte; il ne refusera pas aux deux voyageurs un peu de paille pour le coucher et les restes de son repas ………

Le lendemain matin, même les pierres murmurent la nouvelle. Monsieur Grignion est revenu …… La mère André en larmes, se présente à la porte de Pierre Belin, suppliant son enfant d’autrefois d’accepter de revenir sous le toit qui l’a refusé. Plus indulgent envers sa vielle nourrice qu’envers l’abbesse de Fontevrault, Louis ne refuse pas à la mère André la joie de l’héberger. Mais il la gronde doucement : « Mère André, oubliez M. Grignion, il n’a aucun mérite, pensez à Jésus-Christ qui est tout, reconnaissez-le dans ses pauvres! »

Tout est dit ! Même ses proches, sa famille, ses parents auront droit à ce prêtre aux allures de gueux et de saint, aux mêmes exigences évangéliques, ils s’entendent dire qu’il accepte de venir prendre un repas chez eux « à la condition qu’ils puissent amener ses amis.» Et nous devinons qui sont ses amis, les gueux, les misérables, les pauvres. Tous ses amis le connaissaient et acceptaient facilement ses exigences sans problème car ils connaissaient bien cet enfant du pays et ne s’en offusquez pas et se laissaient même attendrirent. D’ailleurs pour son grand amour des pauvres ses amis l’appelé « Le Bon Père de Montfort.» Louis-Marie veut qu’on l’accueille non comme le simple enfant du pays mais comme un véritable apôtre de Jésus-Christ. Durant des mois, il va sillonner son diocèse d’origine, diocèse de Saint-Malo.

Durant la mission à DINAN : ……..

Page 259-260, C’est le soir, Dinan se repose. Sur le pavé des rues, l’écho des derniers pas s’éteint, aux façades des maisons les dernières fenêtres se sont fermés. La tour brune de l’horloge liée au souvenir d’Anne de Bretagne a peut-être tinté l’heure tardive, comme pour souligner le silence parfois si profond dans ces petites cités antiques. Même les missionnaires ont finis leur journée chargée. Seul Louis de Montfort est encore par les rues. Il retourne à la maison, ….. Soudain, il entrevoit dans l’ombre une forme humaine gisant par terre; il perçoit un gémissement. Un frémissement le secoue. Il se penche sur le pauvre découvrant un visage rebutant dévoré par la lèpre. Le chroniqueur raconte : « Il n’attendit point que le malheureux lui demande secours, il lui parla le premier. » Que faire, vu l’heure tardive ? Louis soulève l’homme et se dirige vers la maison des missionnaires, son pas résonne plus lent, plus pesant sur le pavé. Le portier dort profondément et les coups répétés à la porte ont du mal à le réveiller. Alors, dans la noirceur, une supplique frémissante se lève, un cri dans lequel est tout le cœur de Louis GRIGNION : « Ouvrez…..ouvrez à Jésus-Christ ! » Quelque voisin se sera peut-être éveillé en sursaut, en entendant cette voix qui déchire le repos et les ténèbres. Finalement un grincement de verrou et un soupir de soulagement de la part de Louis.…….. Cette nuit, l’homme défiguré par sa triste maladie, dormira dans le lit du Père de Montfort. Quel beau témoignage nous donne ce prêtre qui aime tant les pauvres !

Cinquième coup d’arrêt : doit quitter son pays

Mais tout le monde ne supportent pas ses manières « bizarre et extraordinaires » de faire, c’est pourquoi au bout de quelques temps, comme d’habitude, les prêtres commencent à détracter le Père de Montfort, alors Mgr. Demarets lui interdit de faire les missions, par conséquent Louis-Marie quitte définitivement sa patrie ! Nous sommes en 1708 ! Quelle déchirure !

Diocèse de Nantes, rencontre avec l’Abbé Pierre des BASTIERES :

Coup dur, mais il encaisse, il sait la signification de tout cela, il continue son combat et sa route va le mener à Nantes où on l’a appelé. Un ami de longue date l’Abbé Jean Barrin vicaire du diocèse, va l’accueillir et le propulser dans son diocèse ; Louis enfin va recevoir un appui sincère et sans faille. Durant une mission, il l’a observé et fut touché et bouleversé par le charisme de ce prédicateur hors norme. Il lui enjoindra un tout jeune prêtre pour travailler avec lui, l’abbé Pierre Ernaud des Bastières

……. Page 275, Ce jeune homme rempli de bonne volonté, au caractère paisible, deviendra un des plus grands et fidèle amis de Louis Grignion …… Mais ce n’est pas une amitié facile; cet homme tranquille éprouvera combien il peut être dur de collaborer avec un saint. Les missions incessantes qu’ils vont faire sont des victoires pour Dieu sur ses ennemis mais le Malin va tout faire pour décourager et humilier ce missionnaire intrépide. Une fois il a failli être lapider par une horde d’étudiants; à la paroisse de la Chevrolière, un prêtre gêné par ce prédicateur, n’en tenant plus, le dénigre publiquement, l’insultant continuellement durant toute la mission mais Louis a une arme puissante, il supporte tout avec sérénité et douceur, il lui dira seulement Page 276, « Je vous demande pardon de tous les sujets de peine que j’ai eu le malheur de vous causer.» L’humilité, la déconcertante douceur de ce chevalier en quête d’absolu, rompu à toutes les batailles, donnent une saveur poétique aux épisodes pénibles et tristes qui scandent la chronique des missions. ……… Louis accoutumé à la croix s’alarmera .…… « Que nous sommes mal ici ! » dit-il un jour, durant la paisible mission de Vertou, en prenant la main de Pierre des Bastières. « Point du tout, dit ce dernier avec surprise, où peut-on être mieux?» « C’est que nous sommes trop à notre aise : notre mission sera sans fruit. Point de croix, quelle croix! » Et le bon Père des Bastières a tout à faire pour l’empêcher d’aller immédiatement plus loin……

Page 278, Il m’a souvent conduit dans des lieux de débauches sans m’en avertir, craignant avec raison que je n’y eusse pas voulu aller si je le l’avais su ….. quand nous rentrions dans ces endroits malheureux, il se mettait d’abord à genoux au milieu de la chambre, ayant un petit crucifix à la main ……. et nous disions un Ave Maria, et après avoir baiser la terre, nous nous relevions; il les prêchait ensuite avec tant de force et d’onction, que ces messieurs et leurs créatures ne savaient que dire ni que faire tant ils étaient consternés; la plupart sortaient sans rien dire, et les créatures restaient; il y en avait qui pleuraient amèrement, les autres étaient comme des statues immobiles; mais M.de Montfort les faisait mettre à genoux et s’y mettait lui-même …….

Il arriva une fois que M.de Montfort disait son Ave Maria, au milieu de neuf ou dix personnes de mauvaise vie, il y en eut une qui se jeta sur le P. de Montfort comme un loup ravissant sur un agneau, il le prit par les cheveux de la main gauche, tenant en l’autre son épée nue, il lui dit en jurant exécrablement que s’il ne sortait à l’heure même, il lui passerait son épée à travers le corps. M.de Montfort sans être nullement intimidé lui fit cette sage réponse : « Je consens, Monsieur, que vous m’ôtiez la vie et je vous pardonnerais volontiers ma mort, pourvu que vous me promettiez de vous convertir, car j’aime mieux mille fois le salut de votre âme, que dix mille vies comme la mienne.» Ces paroles furent un coup de foudre pour ce malheureux, il en fut si épouvanté qu’il tremblait des pieds et des mains, de sorte qu’il eut bien de la peine à rengainer son épée et encore plus à trouver la porte pour sortir, nous restâmes seuls avec cette pauvre malheureuse qui était à genoux comme nous et qui était plus qu’à demi-morte aussi bien que moi. Monsieur de Montfort l’amena avec nous ……..

Un fait qui va bouleverser profondément le peuple envers notre saint.

Un autre jour Louis tombe malade, nous sommes en plein hiver, hiver de misère et de disette, Page 277, la fièvre et des coliques violentes attaquent le missionnaire. Le peuple pleure en le voyant, la tête et les pieds nus sous un ciel inclément, prendre son tour pour porter la croix qui sera plantée au sommet du Calvaire …..

Voilà qui montre sa résignation et sa détermination à vouloir imiter son Seigneur durant sa Passion ! ” La Croix est mystère, très profond ici-bas, …….” écrira-t’il dans son cantique.

Le Calvaire de Pont-Château :

En 1709 ils arrivent à Pont-château, Louis-Marie a une inspiration qui le dévorait de l’intérieure depuis longtemps, il veut construire un Calvaire monumentale et y faire un sanctuaire. Il a trouvé le lieu, Il trouve les gens qu’il faut pour la réalisation de ce grand projet, qui va durait 16 mois. Sans plans et sans budget pour la réalisation, le voilà qu’il lance les travaux, il trouvera au fur et à mesure ce dont il a besoin, ce n’est plus un débutant, il a de l’expérience : au début Louis-Marie est présent tous les jours, ensuite sa présence sera espacée car il n’a pas arrêté pour autant les missions alentours. La structure et un plan précis de l’œuvre se dessine, lorsqu’il n’est pas là, il donne les instructions à plusieurs responsables, il se révèle être un génie créateur et meneurs d’hommes hors norme.

Voyons l’ambiance qui y règne. Page 296, Le père de Montfort a parcouru le pays et les campagnes comme une rafale et, au matin, il arrive de voir des processions d’hommes se diriger vers le lieu désigné avec des chariots tirés par des bœufs et avec les outils qui serviront au travail. De jour en jour, le ferment devient plus étonnant; Louis a réussi à transmettre la pensée de son cœur au cœur du peuple. Non seulement les travailleurs des champs, mais des familles entières, des chef de famille et des enfants, puis « des Messieurs et des Dames de qualité, et même plusieurs prêtres » se laissent prendre par la fièvre. Rappelons que l’hiver était rude, entraînant misères et disette Page 297, Mais le pain quand il est partagé fraternellement, ne manque pas. Les traditions racontent qu’il se multiplie prodigieusement dans les huches demeurées vide à cause d’un acte de charité. Jeanne Guigan, un témoin privilégiée qui n’a jamais rien refusé au Père de Montfort, ne verra sa huche jamais se vider malgré le nombre de bouches affamées qu’il fallait nourrir chaque jour. Les gens chantaient, priaient, tous étaient d’un seul cœur avec le Bon Père de Montfort mais le plus grand miracle, ne sont pas tous ces prodiges qui se faisaient ici et là mais va se trouver dans l’épilogue de ce « drame » car un Calvaire créé par le Père de Montfort n’est pas un monument quelconque ou sans fondation solide.

Le Diable et ses suppôts vont taper fort, car l’affaire du Calvaire de Pont-Château va remonter jusqu’aux oreilles du roi Louis XIV, lui décrivant défavorablement la scène et l’extravagant prêtre illuminé qui a construit un Calvaire monumentale qui pourrait se transformer en véritable forteresse pour les envahisseurs anglais ! Louis le roi, vieillissant et malade ne cherchant pas d’autres enquêtes ordonna tout simplement l’ordre de détruire le Calvaire de Louis le prêtre ! Page 299 Les travaux ont duré de mai 1709 à août 1710, la date de la bénédiction est fixé le 14 septembre, fête de l’exaltation de la Croix. Le 13 septembre, vers quatre heures de l’après midi, Louis reçoit une dépêche de l’évêque qui lui défend de procéder à la bénédiction du calvaire le lendemain. Louis-Marie part pour Nantes et l’Évêque lui confirme qu’il n’y a rien à faire que c’est un ordre direct de la cour et qu’il venait de recevoir l’ordre de le détruire. Mais comment expliquer à tous gens, à tout le peuple qui avait mis tant d’enthousiasme et d’énergie que maintenant il faut détruire cette grande Œuvre ? Et ce miracle va se produire, Louis-Marie va réussir à les convaincre et accepter cette épreuve non comme un échec mais une preuve et un signe d’un grand amour de Dieu : il se met à genoux et devant tous, il déclare ( comme il l’avait fait naguère à Poitiers dans une occasion similaire ) : « Plantons la croix dans nos cœurs, elle y sera mieux placée que partout ailleurs, Dieu soit béni ! »

Dans le Diocèse de la Vendée

Par la suite, gêné par tant d’obstacles, Louis-Marie est obligé de proposer ses services dans le diocèse voisin, celui de la Vendée, où l’accueillent chaleureusement Mgr.de Champflour et son ami l’Évêque de la Rochelle Mgr.Salgues, tous deux opposants au jansénisme et à ses conséquences pastorales rigides et froides. C’est sûrement à cause de cela qu’ils vont soutenir et aider saint Louis-Marie jusqu’à sa mort, et ensuite son oeuvre naissante…..

Louis-Marie va profiter de cette accalmie pour rédiger ” la Lettre aux amis de la Croix, et le fameux Traité de la Vraie Dévotion.”

Beaucoup d’autres histoires extraordinaires et peu banales vont se dessiner durant ces 6 années car vous l’avez compris maintenant, avec le Père de Montfort rien ni personne n’est à l’abri de sa personnalité qui comme une comète fond sur vous afin de vous entraîner sur le sillon de l’Amour divin.

Dernier coup d’arrêt: Saint Laurent sur Sèvres :

Après d’âpres combats avec le monde et les démons, Louis arrive à Saint Laurent sur Sèvres pour une mission que nous savons la dernière, sa renommée faisait de lui un saint ou un extravagant pour d’autres mais tous s’accordaient que s’était un grand missionnaire.
Deux ans auparavant à La Rochelle, il fut empoisonné, il dut beaucoup en souffrir mais ne mourut pas. Cependant ce poison avait affaiblit considérablement ce robuste gaillard, car lorsqu’il monta en chaire pour donner un enseignement sur la douceur de Jésus, devant une foule immense, plus de 20 000 personnes, plusieurs Évêques, et personnalités dont l’Abbé Lechassier son ancien directeur etc… son teint était livide, il n’avait plus que la peau sur les os, car en proie par de fortes douleurs aux poumons, provoquées par une pleurésie aigue.
Mais miracle incroyable, ses cordes vocales tiennent le coup, il trouvera la force de parler et toucher encore les cœurs, cependant d’un seul coup, son corps le lâche et s’effondre.

Il ne se relèvera plus !

C’est ainsi que durant la mission de saint Laurent sur Sèvres, notre « Bon Père de Montfort », « l’homme qui aimait tant les pauvres », s’éteint, épuisé par une dure vie de labeur et rompu à tant de coups, le 28 avril 1716 en pleine mission à l’âge de 43 ans.

V/ Pour mieux comprendre le mystère
du « Bon Père de MONTFORT »

Il fut un simple prêtre enguenillé qui a vécu sa vie avec une intensité rare et qui a voulu partager à cause du trop plein de son cœur, tous les trésors de grâces que Dieu avait mis en lui. « Grand hypocrite, pour les uns ou grand saint pour les autres ! » Le mystère de ce missionnaire hors norme n’est pas si compliqué que cela, c’est un être tellement pétri de la grâce divine que tous ses gestes et ses paroles sont “extension” de l’Amour divin. Il est un véritable « porte-Christ, » prolongement de ses yeux, de ses mains, de ses pieds, de sa bouche. Tout son être est prédication, proclamation du Royaume de Dieu. Il sait que son être, rempli de Dieu va nous déranger, nous mettre mal à l’aise, alors comme pour s’en excuser à l’avance et nous demander pardon, il accepte et supporte notre réaction négative, en douceur et sereinement. Par contre Il va tout faire pour casser notre déprime et nos compromis trop sournois avec le péché qui nous attache trop au Malin, qui fait de nous sa marionnette. Il va nous remettre dans la bonne direction, va réveiller en nous l’esprit de notre Baptême en renouvelant notre alliance d’amour avec le Bon-Dieu. Il vient nous rappeler que nous possédons un grand et bon Sauveur qui est Jésus-Christ, la Véritable Sagesse divine et incarnée et nous mettre en garde contre la sagesse mondaine qui fait tout pour Le mettre dans les oubliettes, nos prisons infernales. Il accepte comme Jésus de prendre sur lui le poids de notre mièvrerie, de notre inconstance, de notre infidélité, le poids de notre péché en supportant et subissant les attaques des démons pour entrer dans la force de la douceur de la Croix du Christ qui est source de liberté et socle de la vie triomphante de Dieu pour le genre humain.

Louis-Marie ne joue pas au saint, tous ses gestes et ses paroles sont mus par une seule pensée, un seul mouvement, le même que celui de Jésus-Christ, nous procurer le salut, nous inviter à la liberté des enfants de Dieu, nous ouvrir au vrai bonheur ! On ne peut le comprendre que sous cette angle sous peine de rejoindre ses détracteurs qui sont dans l’aveuglement de l’ignorance comme l’a proclamé Jésus lui-même en Croix : « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font ! » Il était comme le bâton du berger, soit nous nous mettions devant lui et suivions le Berger, soit nous nous mettions derrière lui et recevions les coups pour revenir dans le bercail ! Il était comme un chien de Berger qui rassemble le troupeau.

Le mystère de ce personnage se trouve aussi dans la subtilité de sa prédication qui vise certes les pécheurs notoires comme les ivrognes, les prostituées, les libertins etc…. mais plus subtilement les orgueilleux et les mondains, les faux dévots, les réprouvés qu’il faut démasquer car ce sont eux qui souvent détiennent ou veulent le pouvoir, la domination sociale, ils ont le pouvoir de déstabiliser la vie des autres, tout le monde les craint. Mais pour saint Louis-Marie, eux aussi ont le devoir de se convertir pour servir les autres sinon, ils auront à faire aux « chiens du Seigneur » qui leur rappelleront la vertu ! Saint Louis-Marie est un saint « hors norme » par son extrême dénuement et ses voyages incessants, il ressemble à Saint Joseph Benoît LABRE et Saint François d’Assise, par son attrait de la pauvreté et des pauvres, il ressemble par son amour de la prédication, à Saint Dominique, par son amour pour Marie, à Saint Bernard, par sa quête de la Sagesse divine, aux grands mystiques comme Saint Jean de la Croix, par ses audaces missionnaires à Saint Jean-Baptiste etc… On a l’impression qu’il les rassemblait tous en lui-même par leurs différents caractères ! En réponse à sa grande disponibilité, le Seigneur, l’a bourré de grâce et plus les hommes frappaient et s’acharnaient contre lui, plus Dieu le comblait de grâce, le soutenait !

Sa vie fut un témoignage vivant du « martyr ecclésiale » témoin au cœur de l’Église, car ne l’oublions pas, la Croix est le cœur de celle-ci ! Car sans Elle, même Jésus-Christ serait un imposteur ! Ainsi ce saint est celui qui dévoile toutes nos impostures qui sapent le fondement de notre attachement à Jésus-Christ, ne l’oublions pas Il est notre Sauveur, « Celui qui ôte le péché du monde » et comme un bon médecin, il vient nous guérir et Saint Louis-Marie nous invite à accueillir la Très Sainte Vierge comme la meilleur des infirmières.

Que l’on soit Pape, Évêque, prêtre, religieux ou laïc, nous devons être le plus cohérent possible afin de rendre un réel témoignage et la consigne que Jésus nous a donné pour cela est : (JEAN 13-34,35) « 34 Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. 35 Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c’est l’amour que vous aurez les uns pour les autres. »

Saint Louis-Marie a rappelé à son époque, embourbée dans le jansénisme ou une foi trop rationnelle et une mondanité toujours sournoise, l’Evangile de la liberté, de la joie, de la douceur, à travers une dévotion mariale vraie et un attachement à Jésus-Christ plus authentique en renouvellant le don de notre Baptême. Il nous engage aussi à un renouvellement de la Mission dont il fut un véritable et admirable exemple ou “prototype”.

 

Tiré de son Cantique 38 :
                            
                            « Je veux agir tout simplement
                            Selon vous, Divine Sagesse,
                            Sans art et sans déguisement,
                            Sans politique et sans finesse....

                            Je veux faire profession
                            D'être dévot, mais véritable;
                            D'acquérir la perfection
                            Autant que j'en serai capable,
                            Et d'aller à la sainteté
                            Sans regarder d'aucun côté.

                            Je soutiendrai, mais puissamment,
                            L'homme faible près de sa chute,
                            Je le reprendrai doucement
                            Sans crainte qu'on m'en persécute  ;
                            Mais pour rompre l'iniquité,
                            J'aurai toute la fermeté...... »

Chez Saint Louis-Marie, nous sentons une sagesse rare, nous voyons la grâce de Dieu agir, mais surtout, il nous donne un témoignage qui dépasse le temps et les cultures car ce qui s’est passé dans son cœur, il y a trois siècles, peut aussi se passer chez nous ! Tout son être est un rappel que la sainteté est à la portée de tous si nous le désirons et prenons la ferme résolution d’y parvenir, Saint Louis-Marie est un « éveilleur de sainteté » qui ne demande qu’à germer dans nos vies, alors qui sera le prochain ? N’hésitons-plus, demandons-lui de nous aider à devenir de vrais enfants de Dieu et qu’au jour de notre mort, nous soyons prêt à être planter dans le Royaume des Cieux, au Paradis, en compagnie de tous les Saints et Saintes, resplendissant de la Lumière de Dieu, dans une adoration perpétuelle et un Amour infinie !