CANTIQUE 97 

” LE TRIOMPHE DE LA CROIX ”

Même titre : Le Triomphe de la Croix

REFRAIN

La Croix est un mystère
Très profond ici-bas,
Sans beaucoup de lumière
On ne le connaît pas,
Il faut pour le comprendre
Un esprit relevé,
Il faut pourtant l’entendre
Afin d’être sauver !

 

I/

1
La nature l’abhorre,
La raison la combat,
L’homme savant l’ignore,
Et le démon l’abat.
2
Souvent le dévot même
Ne la point dans le cœur,
Quoiqu’il dise qu’il l’aime
Au fond c’est un menteur.

REFRAIN

Calvaire de Pontchâteau.
Calvaire de Pontchâteau.

II/

3
Les liens de Saint Pierre
Lui faisaient plus d’honneur,
Que d’être sur la terre
Vicaire du Sauveur.
4
Voyez Saint Paul oublie
Son grand ravissement,
Il ne se glorifie
Qu’en la Croix seulement !

PONT :
guitare et flûte

REFRAIN

5
Jésus-Christ a par elle
Enchaîné les enfers,
Terrassé le rebelle
Et conquis l’univers
6
Il a donne pour arme
A ses bons serviteurs,
Elle charme, où désarme
Et les mains et les cœurs

 

REFRAIN

La Croix est un mystère
Très profond ici-bas,
Sans beaucoup de lumière
On ne le connaît pas,
Il faut pour le comprendre
Un esprit relevé,
Il faut pourtant l’entendre
Afin d’être sauver !

Cantique originale de Saint Louis-Marie GRIGNION de MONTFORT

CANTIQUE 97: Le Triomphe de la Croix

1
La croix est un mystère
Très profond ici-bas,
Sans beaucoup de lumière
On ne le connaît pas.
Il faut pour le comprendre
Un esprit relevé,
Il faut pourtant l’entendre
Afin d’être sauvé.
2
La nature l’abhorre,
La raison le combat;
L’homme savant l’ignore
Et le démon l’abat.
Souvent le dévot même
Ne l’a point dans le cœur.
Quoiqu’il dise qu’il l’aime,
Au fond c’est un menteur.
3
La croix est nécessaire,
Il faut toujours souffrir
Ou monter au Calvaire,
Ou pour jamais périr.
Saint Augustin s’écrie
Qu’on est un réprouvé,
Si Dieu ne nous châtie,
Si l’on n’est éprouvé.
4
On va dans la patrie
Par le chemin des croix,
C’est le chemin de vie,
C’est le chemin des rois;
Toute pierre est taillée
Avec proportion
Afin d’être posée
Dans la sainte Sion.
5
De quoi sert la victoire
Au plus grand conquérant,
S’il n’a pas cette gloire
De se vaincre en souffrant,
S’il n’a pour son modèle
Jésus mort sur la croix,
Si comme un infidèle
Il rejette ce bois?
6
Jésus-Christ a par elle
Enchaîné les enfers,
Terrassé le rebelle
Et conquis l’univers;
Il la donne pour arme
A ses bons serviteurs,
Elle charme ou désarme
Et les mains et les cœurs.
7
Tu vaincras à ce signe,
Dit-il à Constantin,
Toute victoire insigne
Est mise dans son sein.
Lisez dans les histoires
Ses effets merveilleux,
Ses insignes victoires
Dans la terre et les cieux.
8
Malgré sens et nature,
Politique et raison,
La vérité l’assure,
La croix est un grand don;
C’est en cette princesse
Qu’on trouve en vérité
La grâce, la sagesse
Et la divinité.
9
Dieu n’a pu se défendre
De sa rare beauté,
La croix l’a fait descendre
En notre humanité.
Il dit venant au monde :
Oui, je la veux, Seigneur,
Bonne croix, je vous fonde
Au milieu de mon cœur.
10
Il la trouva si belle
Qu’il en fit son honneur,
Sa compagne éternelle,
L’épouse de son cœur.
Dès sa plus tendre enfance,
Quand son cœur soupirait,
C’était vers la présence
De la croix qu’il aimait.
11
Il l’a, dès sa jeunesse,
Recherchée à grands pas.
Il est mort de tendresse
Et d’amour en ses bras.
Je désire un baptême,
S’écriait-il un jour,
La chère croix que j’aime,
L’objet de mon amour.

12
Il appela saint Pierre
Un satan scandaleux,
Lorsqu’il voulut sur terre
En détourner les yeux.
Sa croix est adorable,
Sa mère ne l’est pas,
O grandeur ineffable
Inconnue ici-bas !
13
Cette croix dispersée
Sur terre, en tant de lieux,
Sera ressuscitée
Et transportée aux cieux.
La croix sur une nue,
Pleine d’attraits brillants,
Jugera par sa vue
Les morts et les vivants.
14
Elle criera vengeance
Contre ses ennemis,
La joie et l’indulgence
A tous ses bons amis;
Elle donnera gloire
A tous les bienheureux
Et chantera victoire
Dans la terre et les cieux.
15
Les saints pendant la vie
Ne cherchaient que la croix,
C’était leur grande envie,
C’était là tout leur choix;
Non contents d’avoir celles
Que le ciel leur donnait,
A de toutes nouvelles
Chacun se condamnait.
16
Les liens de saint Pierre
Lui faisaient plus d’honneur
Que d’être sur la terre
Vicaire du Sauveur.
O bonne croix, s’écrie Saint
André, plein de foi,
Pour me donner la vie
Que je meure sur toi !
17
Voyez, saint Paul oublie
Son grand ravissement,
Il ne se glorifie
Qu’en la croix seulement.
Il est plus honorable
Dans ses cachots affreux
Qu’en l’extase admirable
Qui le ravit aux cieux.
18
Sans croix l’âme est traînante,
Molle, lâche et sans cœur,
La croix la rend fervente
Et pleine de vigueur.
On est dans l’ignorance
Quand on ne souffre rien,
On a l’intelligence
Dès lors qu’on souffre bien.
19
Une âme sans épreuve
N’est pas d’un fort grand prix,
C’est une âme bien neuve
Et qui n’a rien appris.
O douceur souveraine
Que goûte un affligé,
S’il se plaît dans sa peine,
Sans se voir soulagé !
20
C’est par la croix qu’on donne
La bénédiction,
Et que Dieu nous pardonne
Et fait rémission;
Il veut que toute chose
Soit marquée à ce sceau.
A moins qu’on ne l’y pose,
Rien ne lui paraît beau.
21
Dès lors qu’elle est posée,
Le profane est sacré,
La souillure est ôtée,
Dieu s’en est emparé.
Il veut qu’elle soit mise
Sur le front et le cœur,
Avant toute entreprise,
Pour devenir vainqueur.
22
Elle est notre assurance,
Notre protection,
Notre unique espérance,
Notre perfection;
Elle est si précieuse,
Qu’une âme dans les cieux
En reviendrait joyeuse
Pour souffrir en ces lieux.

23
Ce signe a tant de charmes,
Que le prêtre à l’autel
Ne prend point d’autres armes
Pour l’attirer du ciel;
Il forme sur l’hostie
Plusieurs signes de croix;
Par ces signes de vie,
Il lui donne des lois.
24
Par ce signe adorable,
Il lui fait un parfum
D’une odeur agréable
Qui n’a rien de commun;
C’est l’encens qu’il lui donne
Dès qu’il est consacré,
C’est de cette couronne
Qu’il veut être paré.
25
La Sagesse éternelle
Cherche encore à présent
Quelque cœur bien fidèle
Digne de ce présent.
Elle veut un vrai sage,
Qui n’aime qu’à souffrir,
Qui porte avec courage
La croix jusqu’à mourir.
26
O croix, il faut me taire,
Je t’abaisse en parlant,
Je suis un téméraire,
Je suis un insolent;
Puisque je t’ai reçue
Avec un cœur fâché,
Je ne t’ai point connue,
Pardon de mon péché !
27
Chère Croix, à cette heure,
Puisque je te connois,
Fais chez moi ta demeure
Et me donne tes lois.
Remplis-moi, ma princesse,
De tes chastes amours,
Et fais que je connaisse
Tes plus secrets atours.
28
En te voyant si belle
Je voudrais bien t’avoir,
Mais mon cœur infidèle
Me tient en mon devoir;
Si tu veux, ma maîtresse,
Animer ma langueur,
Soutenir ma faiblesse,
Je te donne mon cœur.
29
Je te prends pour ma vie,
Mon plaisir, mon honneur,
Pour mon unique amie,
Mon unique bonheur;
Imprime-toi, de grâce,
Sur mon cœur et mon bras,
Sur mon front et ma face,
Je n’en rougirai pas.
30
Je prends pour mes richesses
Ta riche pauvreté,
Je prends pour mes tendresses
Ta douce austérité.
Que ta sage folie,
Que ton saint déshonneur
Soit de toute ma vie
La gloire et la grandeur.
31
Je prends pour ma victoire,
Lorsque par ta vertu
A ta plus grande gloire
Tu m’auras abattu;
Mais je ne suis pas digne
De mourir sous tes coups
Ni d’être comme un signe
Contrarié de tous.

Dieu Seul