CANTIQUE 95 

” LES CHARMES DE LA DOUCEUR ”

Même titre : Les charmes de la douceur

I/

1
Voici la sœur aînée
De toute humilité
Et sa compagne ornée
De toute charité.
2
On la nomme Douceur :
C’est le sucre, c’est l’huile,
C’est le baume du cœur,
Sans froideur et sans bile.
3
Un Dieu tout débonnaire
Et rempli de douceurs
Est venu pour la faire
Triompher dans nos cœurs.
4
Il se nomme un agneau,
Ou bien la douceur même.
Qu’il est doux, qu’il est beau,
Qu’il mérite qu’on l’aime!
5
Il ravit dès l’enfance
Les bergers et les rois
Avec tant de puissance
Qu’il les mit sous les lois.
6
Ses sourires, son air doux
Avaient tant d’éloquence,
Qu’il se les gagnait tous
Sans rompre le silence.
7
Les enfants de son âge
Ne voulaient voir que lui;
Des traits de son visage
Chacun était ravi.

8
Il n’inspire que flammes
Par son air tendre et doux.
Pour convertir les âmes,
Il se fait tout à tous !

Refrain
Il est doux de visage,
Doux en tout son maintien
Doux en tout son langage
Doux en Son entretien,
Doux en toutes ses actions,
Doux en toute souffrance,
Doux en sa Passion,
Partout douceur immense.

II/

9
Que sa conduite est douce
Envers tous les pécheurs,
Bien loin qu’il les repousse,
Il leur charme les cœurs.

10
Avec quelle douceur
Gagna-t-il Madeleine,
Et se fit-il vainqueur
De la Samaritaine!
11
Voyez-le comme un père
Doucement excuser
Une femme adultère,
Au lieu de l’accuser.
12
Voulant sauver Judas,
Il pleure, il s’humilie,
Il se prosterne bas,
O douceur inouïe!
13
Sur la mèche qui fume
Il souffle doucement,
Et puis il la rallume
Sans nul emportement.
14
Si l’on brise un bâton,
Il le prend, il le lie,
Il le rend bel et bon.
O douceur infinie!
15
Après cela, non frère,
Vous n’aurez que rigueur,
Qu’une conduite amère
Contraire au doux Sauveur?
16
La douceur a dans soi
Une force secrète
Qui fait à tous la loi
D’une paix très parfaite.

                  REFRAIN

Cantique originale de Saint Louis-Marie GRIGNION de MONTFORT

CANTIQUE 95 : ” LES CHARMES DE LA DOUCEUR   “

1
Voici la sœur aînée
De toute humilité
Et sa compagne ornée
De toute charité.
On la nomme Douceur :
C’est le sucre, c’est l’huile,
C’est le baume du cœur,
Sans froideur et sans bile.
2
Elle toujours charmante
Sans ennuis inquiets,
Jamais impatiente,
Toujours pleine de paix.
De toutes les vertus
Elle emprunte les charmes
Dont les cœurs sont vaincus
Comme par autant d’armes.
3
Un Dieu tout débonnaire
Et rempli de douceurs
Est venu pour la faire
Triompher dans nos cœurs.
Il se nomme un agneau,
Ou bien la douceur même.
Qu’il est doux, qu’il est beau,
Qu’il mérite qu’on l’aime!
4
Il est doux de visage,
Doux en tout son maintien,
Doux en tout son langage,
Doux en son entretien.
Doux en toute action,
Doux en toute souffrance,
Doux en sa passion,
Partout douceur immense.
5
Il ravit dès l’enfance
Les bergers et les rois
Avec tant de puissance
Qu’il les mit sous les lois.
Ses souris, son air doux
Avaient tant d’éloquence,
Qu’il se les gagnait tous
Sans rompre le silence.
6
Les enfants de son âge
Ne voulaient voir que lui;
Des traits de son visage
Chacun était ravi.
Ses bourreaux, furieux,
Craignant sa bonne grâce,
Pour le souffleter mieux
Lui voilèrent la face.
7
Que sa conduite est douce
Envers tous les pécheurs!
Bien loin qu’il les repousse,
Il leur charme les cœurs.
Avec quelle douceur
Gagna-t-il Madeleine,
Et se fit-il vainqueur
De la Samaritaine!
8
Voyez-le comme un père
Doucement excuser
Une femme adultère,
Au lieu de l’accuser.
Voulant sauver Judas,
Il pleure, il s’humilie,
Il se prosterne bas,
O douceur inouïe!
9
Sur la mèche qui fume
Il souffle doucement,
Et puis il la rallume
Sans nul emportement.
Si l’on brise un bâton,
Il le prend, il le lie,
Il le rend bel et bon.
O douceur infinie!
10
Sur la croix il ramasse
Son reste de vigueur,
Afin d’obtenir grâce
Pour le pauvre pécheur,
Pour ses propres bourreaux
Pleins de rage et d’envie,
Qui parmi mille maux
Lui font perdre la vie.

11
Après cela, non frère,
Vous n’aurez que rigueur,
Qu’une conduite amère
Contraire au doux Sauveur?
Tout bouffi de fierté,
Tout rempli d’arrogance,
Vous n’aurez ni bonté,
Ni douceur, ni clémence?
12
A-t-on vu dans Marie
Quelque signe d’aigreur?
La mère de la vie
Engendre la douceur.
Son air doux et joyeux
Chassait toute tristesse
Et remplissait les yeux
Et le cœur d’allégresse.
13
Voyez les très doux charmes
Des apôtres divins,
C’étaient les seules armes
Qu’ils eussent dans les mains.
Ils étaient des agneaux
Au milieu des loups même,
Ils montraient dans leurs maux
Une douceur extrême.
14
S’ils ont gagné le monde
C’est par cette vertu,
Par leur douceur profonde
Ils ont tout abattu.
Les saints sont-ils pas tous
Sans fiel et sans colère?
Moïse était si doux!
C’était son caractère.
15
Sans colère et sans guerre
Elle gagne les cœurs
Du ciel et de la terre
Par ses tendres douceurs.
Le cœur de Jésus-Christ
Se gagne tout par elle,
Elle est son propre esprit,
Il est son vrai modèle.
16
Par la douceur on charme
Le cœur de son prochain,
Ou bien on le désarme
Sans avoir l’arme en main.
La douceur des enfants
A des traits si sensibles,
Que les plus violents
En deviennent paisibles.
17
Un saint est tout affable,
Doux, honnête, charmant,
Complaisant, agréable,
Sans nul emportement.
C’est par ce doux moyen
Qu’il gagne et qu’il attire,
Qu’il fait beaucoup de bien,
Quelquefois sans rien dire.
18
Il n’inspire que flammes
Par son air tendre et doux.
Pour convertir les âmes,
Il se fait tout à tous,
Mais sans respect humain,
Sans molle complaisance,
Sans orgueil, sans dédain
Et sans nulle imprudence.
19
Il n’a point d’amertume
Dans la correction,
Le feu qui le consume
Y met de l’onction.
Il corrige en ami,
Il reprend comme un père,
Non comme un ennemi,
Par envie ou colère.
20
L’homme, par la colère,
Est chassé de chez soi,
Il n’a plus de lumière,
Il n’a ni foi, ni loi.
La vertu de douceur
Fait que l’homme possède
Et son âme et son cœur,
Afin que tout lui cède.

21
La douce patience,
Sans aigreur et sans fiel,
Est cette violence
Dont on ravit le ciel.
C’est le chemin certain
A la vie éternelle;
Tout autre est incertain,
Tout autre est infidèle.
22
Les doux ont l’avantage
De vivre sans chagrin,
Sans soupçon, sans ombrage,
Sans froid pour le prochain.
Jamais d’emportements,
Jamais d’impatience,
Égaux en tous les temps,
Même dans les souffrances.
23
Sans froideur, sans menace
Et sans contention,
Sans aucun air de glace
Et sans aversion,
Ils parlent doucement,
Sans prendre un ton de maître,
Et sans entêtement
Sont prêts à se soumettre.
24
Quand quelqu’un vous outrage,
Soufrez tout doucement.
Vous aurez l’avantage
Sur son emportement.
La douceur a dans soi
Une force secrète
Qui fait à tous la loi
D’une paix très parfaite.
25
Vous vous fâchez, mon frère,
Pour corriger autrui?
Hélas! votre colère
Vous nuira plus qu’à lui.
On ne fait qu’allumer
Le crime par le crime,
Il faut pour le charmer
Une douceur sublime.
26
Soyez doux de visage,
Sans chagrin, sans humeur,
Ayez un doux langage,
Sans hauteur, sans aigreur.
Agissez doucement
Et sans inquiétude,
Souffrez paisiblement
Et sans sollicitude.
27
J’ai l’âme tout amère,
Le cœur plein de rigueur,
Je suis tout de colère:
Ah! pardon, mon Seigneur;
Calmez votre courroux,
Accordez-moi vos grâces
Afin d’être humble et doux
Et marcher sur vos traces.
28
Je suis dans ma conduite
Rude comme un taureau ;
Rendez-moi dans la suite
Aussi doux qu’un agneau,
Pour conserver la paix,
Avec la patience,
En tout ce que je fais,
En tout ce que je pense.
29
O divine Marie,
Donnez-moi la douceur,
C’est mon cœur qui vous prie
Par votre propre cœur.
Versez-y ce doux miel,
Cette sainte tendresse,
Qui gagne pour le ciel
Une âme pécheresse.

Dieu Seul