PRESENTATION DES CANTIQUES

DE

SAINT LOUIS-MARIE GRIGNION DE MONTFORT

CANTIQUES

Saint Louis-Marie n’était pas un hyper-actif mais il était très actif, nuance ! En fréquentant les montfortains, j’ai entendue dire que le père de MONTFORT durant ses dix années d’activités intenses, savait s’aménager des moments de détentes, de retraite. L’on s’est amusé à calculer le nombre de kilomètres qu’il aurait parcourus à pied, durant ses missions, 24 000 km environ et il aurait pris deux années de retraite, c’est dire que c’était un homme, très équilibré, très actif mais savait prendre le temps de « décrocher » et de se ressourcer. Il réussit, grâce à ces moments de retraite, à composer plus de 24 000 vers, dit-on, qui constituent un recueil de cantiques qu’il faisait chanter par frère Mathurin, son compagnon de première heure, durant les processions monumentales qui allaient de centaine de mètres à plus d’un kilomètre …. alors il fallait bien organiser la manière dont il ferait chanter ses cantiques.

Afin d’imprégner les esprits des vérités évangélique qu’il avait mis en vers, il reprenait des mélodies très populairesde son temps pour les faire chanter et ce petit artifice fut d’une grande efficacité pour la mémorisation de ses prédications. La merveille de grâce que nous trouvons dans ses vers, est que toute la sève de ses écrits, de ses traités, coulent dans ses cantiques ……… Sans constituer une grande qualité poétique, ses vers n’en sont pas moins charmants et importants car ils riment de grandes merveilles d’autant plus que cela vient d’un grand mystique et un grand saint …… mélant une ferveur angélique, une certaine innocence, une certaine modestie et une forme d’espièglerie pour ne pas dire d’ironie ! Il se dégage de ses cantiques, de ses vers, une liberté d’écriture, tant dans l’expression que dans l’énoncé mais avant tout saint Louis-Marie veut nous convaincre de choisir le camp de Dieu !

( C2-42 ) Prédicateur, dans mes chansons, c’est la raison pour laquelle j’ai été séduit par ses vers que j’ai dévorés insatiablement, et encore aujourd’hui, je me délecte en les lisant, les méditant car depuis maintenant plus de 30 ans, je mets en musique ses vers et en tire de véritables chants spirituel que je chante au service de l’Évangélisation …….. afin de transmettre, à ma manière, une nourriture spirituelle, saine, robuste, qui va droit au but, c’est bien ce qui constitue la véritable richesse des cantiques du “père de Montfort” ! On y trouvera une nourriture solide et profonde, riche, déployant tous les mystères de notre Foi, le but du prédicateur est de faire aimer Jésus et Marie et nous plonger dans le monde de la grâce, des anges mais aussi nous donner une mystique forte, exposant la richesse de chaque vertu qui nous aidera à faire face à ce monde trompeur et ses pièges fins et diabolique etc … Si vous êtes en recherche spirituelle et que vous voulez fortifier votre Foi, arrêtez-vous ici, je vous invite sur cette Page Cantiques de Saint Louis-Marie à y venir butiner en lisant et méditant chacun des cantiques et y trouver une nourriture grasse, lumineuse et gracieuse !

Je vais y mettre petit à petit tous les cantiques et en cliquant sur ceux qui sont sur-lignés, chaque cantique a sa page consacrée …….. Lisez ces deux extraits des deux premiers cantiques, on y trouve d’emblé tout le style montfortain, une simple poésie au service de la Vérité, poésie simple mais non mièvreuse, le but n’est pas de se prendre pour un grand poête mais un bon prédicateur qui clame la Vérité évangélique, à travers plus de 24 000 vers !

Ecoutons présenter lui-même ses vers :

( C1 ) L’UTILITÉ DES CANTIQUES

 

1 Chantons, ma chère âme, chantons,
Faisons retentir nos cantons
D'une très sainte mélodie,
Le ciel et tout nous y convie.

2 Notre grand Dieu toujours joyeux
Nous écoute du haut des Cieux,
Il aime beaucoup les cantiques,
Ce sont ses concerts angéliques.

3 Écoutons les anges chanter
Et chantons pour les imiter,
Ils sont anges par leurs louanges,
En chantant nous deviendrons anges.

...............................

17 Sachez qu'un cantique sacré
Rend notre esprit plus éclairé,
Chasse du cœur toute humeur noire
Et met Dieu dans notre mémoire.

18 Lorsque le cœur est abattu,
Le cantique porte vertu,
Chantez, malgré votre tristesse,
Et vous recevrez l'allégresse.

19 Le chant, ainsi qu'il est écrit,
Ouvre le cœur au Saint-Esprit,
Dieu descend dans un cœur qui chante
Et lui donne sa grâce abondante.

20 Le cantique charme nos maux
Et nous délasse en nos travaux;
C'est en chantant qu'on se dispose
A travailler à d'autre chose.

21 Le chant est un secret divin
Pour chasser tout esprit malin,
Un saint cantique que l'on chante
Le fait s'enfuir lorsqu'il nous tente.

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Chantons en l'honneur de Jésus
L'excellence de ses vertus,
Pour les mettre en notre mémoire
Et les pratiquer avec gloire.

36 Faisons retentir l'univers
De nos chansons et de nos vers,
Afin que Dieu s'y glorifie
Et le prochain s'en édifie.

( C2 ) AUX POÈTES DU TEMPS

 

1 Ceci n'est pas pour vous charmer,
Vous qui ne pensez qu'à rimer,
Grands poètes, gens incommodes.
Je laisse à d'autres vos méthodes.

2 Je sais bien que vous n'approuvez
Que les vers qui sont relevés,
Que des phrases à double étage,
Qui font un fou plutôt qu'un sage.

................................

6 Vos grands vers ne sont pas communs,
Oui, mais ils sont bien importuns,
Vous courrez l'un et l'autre pôle
Pour dire une pauvre parole.

7 Si vos vers étaient vraiment grands,
Ils seraient compris des enfants;
Ils sont si hauts, ils sont si rares,
Qu'ils en sont devenus barbares

......................................

18 Vous débitez la vanité
Comme une pure vérité,
Vous ferez passez une fable
Pour une histoire véritable.

............................

20 Comme les poètes païens
Vous prenez les maux pour des biens,
Je pourrais vous nommer profanes,
Ou, pour bien rimer, de francs ânes.

................................

39 Voici mes vers et mes chansons :
S'ils ne sont pas beaux, ils sont bons,
S'ils ne flattent pas les oreilles,
Ils riment de grandes merveilles.

40 S'ils ne sont que pour les petits,
Ils n'en sont pas d'un moindre prix;
Si ce sont des vers ordinaires,
Ils n'en sont pas moins salutaires.

41 Lisez-les donc, et les chantez,
Pesez-les et les méditez,
N'y cherchez point l'esprit sublime,
Mais la vérité que j'exprime.

42 Prédicateur, dans mes chansons,
Vous pourrez trouvez vos sermons,
J'en ai digéré la matière
Pour vous aider et pour vous plaire.
43 Voici des sujets d'oraison,
Je crois le dire avec raison,
Car souvent un vers, une rime
Font qu'une vérité s'imprime.

44 Chaque mot d'un vers doit porter
Pour qu'on le puisse méditer,
Pour le garder en sa mémoire,
Pour son bouquet et pour sa gloire.

45 Cœur affligé, chantez, chantez,
En chantant vous vous surmontez,
Le cantique est très efficace
Pour avoir la joie et la grâce.

46 Chantez, et de bouche et de cœur,
A haute voix, avec ardeur,
Pour bannir du cœur la tristesse
Et pour le remplir d'allégresse.

47 Prenez garde à la vanité,
Qui chante veut être écouté;
Si votre voix est ravissante,
Que votre âme soit innocente.

48 Chantez donc tous, et comme il faut,
Chantons les grandeurs du Très-Haut,
En chantant détruisons le vice
Et faisons aimer la justice.

PRESENTATION DES CANTIQUES PAR LA FAMILLE MONTFORTAINE

 

On a dit de Montfort que s’il vivait en notre temps il se serait fait journaliste missionnaire. C’est possible, le périodique se présente en effet, à notre époque, comme un moyen adapté d’évangélisation, bien à la mesure de l’ardeur apostolique que révèle l’âme de L.-M. Grignion. Ce n’est cependant pas si sûr, ou du moins, journaliste, il n’eut délaissé pour autant ni la prédication apostolique, ni, au service de cette prédication, le chant religieux. Outre que celui-ci garde encore sa vague et sa puissance, jusque sous la forme de la chanson populaire -le succès de certains disques récents est là pour le confirmer- il répond bien au tempérament de Montfort et davantage encore à sa pensée et à son dynamisme missionnaires.

Tel a bien été Montfort en effet : missionnaire chansonnier, et plus précisément chansonnier parce que missionnaire. Prédicateur intuitif autant que zélé, il avait de suite saisi l’importance irremplaçable du chant comme soutien de l’enseignement, soit pour y préparer, soit pour le prolonger dans les esprits et les cœurs des gens simples vers lesquels son cœur missionnaire le portait de préférence. A leur intention, il a composé près de deux cents cantiques sur les sujets les plus divers et pouvant se chanter sur les mélodies profanes en vogue.

Il ne faudrait cependant pas penser que notre missionnaire ait été l’initiateur de cette manière de faire. Il a simplement utilisé, mais en l’exploitant avec son génie et sa fécondité propres, une pratique déjà courante de son temps. Les missions paroissiales particulièrement faisaient large place aux cantiques populaires, instructions rimées et chantées que des prédicateurs-poètes composaient sur le mètre et l’air de chansons à la mode.

Préoccupé d’efficacité apostolique, soucieux de tout ce qui pouvait favoriser les fruits de la prédication, le Père de Montfort se devait de mettre ses dons naturels au service d’une méthode que l’expérience révélait aussi accessible aux gens simples des campagnes que propre à éclairer, à émouvoir, à convertir. Quoi de plus facile à apprendre! Et quel merveilleux moyen pour créer l’ambiance d’une assemblée et la faire résonner à l’unisson des voix, pour ouvrir les cœurs aux leçons de l’Évangile et en prolonger l’écho sur les chemins et dans les foyers!

Son premier biographe, M. GRANDET, écrivait, huit ans après la mort du missionnaire : ” Le troisième moyen dont il se servait pour faire du fruit dans les missions était d’y faire chanter des cantiques: il en avait composé un volume tout entier.” (p. 390.) Au témoignage de M. BLAIN, son condisciple de Séminaire, déjà à St Sulpice L. M. Grignion ” s’occupait… à composer des cantiques spirituels qui lui ont servi par la suite dans ses missions ” (art. 38, p. 89). Ce n’était là qu’un commencement, s’il est difficile, à quelques exceptions près, de dater les différentes pièces, on peut cependant dire que la carrière poétique de Montfort s’étend sur l’ensemble de sa vie missionnaire.

Il apportait d’ailleurs au genre sa saveur originale el surtout son zèle tout de feu. On lira avec intérêt à ce propos les Cantiques I et 2 où il précise la raison et la manière de ce qu’il appelle ” mes vers et mes chansons “. Ce qu’il voulait, c’était faire passer la doctrine de l’Évangile d’une manière facile à retenir et non construire de belles poésies, se faire comprendre et non se faire admirer. Et l’on peut dire qu’il a réussi puisque bien des pièces de sa composition se sont transmises, de génération en génération, jusqu’ à nos jours ; et un disque comme celui édité par les studios SM à Paris (Grignion de Montfort. Harmonisation de M. l’Abbé Reboud. SM 45-33) permet d’entendre, comme en écho, chanter une assemblée de mission au temps de Montfort.

Le but particulier qu’il poursuivait explique les caractéristiques de sa poétique populaire en même temps que ses limites, les sujets abordés en même temps que certaines licences de composition ou encore la verdeur de maintes expressions. Ceci étant, on constatera la facilité et la fécondité d’un homme par ailleurs dévoré de travail apostolique : quelque 23.000 vers au témoignage du Père Fradet. On appréciera, au-delà de la variété de la composition, son style direct et clair, simple et aisé, et même la beauté poétique de certains cantiques (cf., par ex. C 77 ; 124 ; 128…) ou encore la justesse et la verve de certains portraits, par ex. le joueur (C 30), le danseur (C 31), le libertin (C 33), le poète mondain (C 2).

On admirera surtout la diversité des sujets traités : pratiquement tous ceux qui firent l’objet de sa prédication, depuis Dieu, Jésus-Christ, la Vierge Marie… jusqu’aux vertus et aux états particuliers de la vie chrétienne. Tel cantique est l’écho, point par point, d’un sermon sur le même thème (voir par ex. C 5 et le sermon du même titre donné en S). Il faudrait encore souligner la sûreté de la doctrine exposée et la structure théologique qui la soutient, souvent indiquée en marge.

Pour tout dire, les cantiques de mission étaient pour Montfort un moyen de prédication complétant et prolongeant l’enseignement de la chaire. Qu’il parlât, écrivît ou chantât, le saint missionnaire ne voulait que prêcher l’Évangile et convertir À Jésus-Christ. Il serait injuste de demander à ” ses vers et ses chansons ” d’être autre chose que ce qu’il a voulu en faire.

Les Archives montfortaines conservent précieusement quatre manuscrits de cantiques du Père de Montfort. Lors de l’envoi à Rome des différents écrits en vue du procès de béatification, les quatre recueils furent catalogués : cahier nº 2, cahier ” copie “, cahier n° 8 et cahier nº 1O, dénominations que le P. Fradet a retenues dans son étude critique. Ils seront désignés ici dans le même ordre, mais – pour simplifier – sous les indications de ms. (manuscrit) 1, ms. 2, ms. 3, ms. 4.

Les quatre manuscrits, en leur état actuel, se présentent sous la forme de carnets allongés, faisant : le ms. I, 34 X 11 cm ; les ms. 2 et 4, 32 X 11 cm ; le ms. 3, 23 X 9 cm. La couverture en a été refaite par les moines Basiliens de Grottaferrata, en I956, et certaines feuilles abîmées remises en état.

Les carnets sont composés de feuillets de papier filigrané assemblés. Mais la répartition actuelle des manuscrits ne semble pas totalement d’origine ; pour le moins, lors d’une manipulation ultérieure, des feuilles ont été déplacées (en ms. 3, par ex. la feuille des p. 55-56), des feuillets ont été perdus (Par ex. dans le ms. 1), enfin des feuillets ont été déplacés (de ms. 2 en ms. 4). Ces malfaçons sont cependant peu nombreuses (5 ou 6) et l’ordre des pages assez aisé à reconstituer. Maintes feuilles, primitivement laissées blanches, ont servi par la suite à transcrire d’autres cantiques.

Le ms. 1 comporte 35 cantiques, tous écrits de la main de Montfort : une écriture fine et régulière, facile à reconnaître. Les hauts de page sont marqués d’une +. En tête de chaque cantique est indiqué l’air (ou les airs) sur le (s) quel(s) on peut le chanter. Les strophes, non numérotées, sont séparées par le signe Y ( un cœur probablement ).